
Le film C’est pas moi, je le jure !, de Philippe Falardeau, raconte l’histoire de Léon (Antoine L’Écuyer), dont les parents (Suzanne Clément et Daniel Brière) se séparent. Voleur, vandale et menteur, il commet des délits pour sublimer sa douleur.
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Les fleurs sauvages est un bon exemple. Dans ce film de Jean Pierre Lefebvre, Simone et sa fille Michèle se sont emmurées dans le silence. Plusieurs séquences, commentées par la voix hors champ de la mère, révèlent ce que les deux personnages ne parviennent pas à se dire. Michèle voudrait se rapprocher de sa mère, souhaite qu’elle la tutoie, qu’elle lui parle de son père, qu’elle n’a pas connu. Simone, quant à elle, désapprouve le mode de vie de sa fille et sa façon d’élever ses enfants.
Autre cas de figure: le personnage de Kiki, dans Borderline (Lyne Charlebois). Schizophrène, sa mère a été internée dans un hôpital psychiatrique. Elle ne prononce pas un mot durant les visites de sa fille. Élevée par sa grand-mère, Kiki s’enfonce dans la drogue, l’alcool et le sexe. On peut aussi penser à Tout ce que tu possèdes (Bernard Émond), 2 secondes (Manon Briand), Les bons débarras (Francis Mankiewicz) et J’ai tué ma mère (Xavier Dolan), autant de films où la relation entre la mère et sa progéniture n’a rien de reposant!
Ce n’est guère beaucoup mieux du côté paternel. Très souvent, le lien est brisé, l’enjeu du récit étant justement de le renouer. Dans plusieurs cas, le conflit fait place à une réconciliation à la fin du film. Une activité en nature permet de rapprocher père et fils, comme une partie de pêche (Un zoo la nuit) ou de chasse (Camion, Le temps d’une chasse). Dans De père en flic, la forêt est vue comme un lieu de réconciliation entre Marc et Jacques, dont la relation explosive donne lieu à plusieurs scènes comiques.
Les liens fraternels, en revanche, sont plus forts que tout. Les rapports entre frères et sœurs s’inscrivent sous le signe de l’entraide et de la solidarité. Souvent, ils partagent une maison ou un appartement (Les bons débarras, Un petit vent de panique, Les 3 p’tits cochons). S’il existe une tension, elle se résorbe ou s’atténue généralement. Autre constat, qui a étonné la chercheuse: l’art est très présent dans la vie des enfants. Dans plusieurs films analysés, ils ont une pratique artistique, qui leur permet de s’épanouir ou de fuir leurs problèmes. Cela peut être la danse (La capture), l’écriture (Borderline, L’arrache-cœur), le cinéma (Emporte-moi), ou encore la poterie (Les fleurs sauvages).
Tous ces exemples peuvent en dire long sur la société québécoise. «Notre cinéma, bien qu’il ne soit pas un reflet pur et dur de la réalité, présente une fracture entre les générations. L’héritage ne se transmet plus. Les jeunes, qui s’épanouissent avec des gens de la même génération, renforcent leur identité par la pratique des arts et l’espace partagé. Bref, la quête identitaire passe davantage par le moment présent que par l’héritage», résume la sociologue.
Son étude s’inscrit dans une série de publications consacrées à la culture et au cinéma. En abordant le septième art par le prisme de la sociologie, elle espère encourager le public à se déplacer dans les salles. «Les gens ont parfois des préjugés à l’égard du cinéma québécois. Ces films parlent de nous; si on ne les regarde pas, qui le fera? Bien sûr, notre cinéma circule à l’étranger, mais je crois que son premier public devrait être au Québec. Il y a une belle qualité de films qui se fait ici. On peut penser à Xavier Dolan et Denys Arcand, mais aussi à Philippe Falardeau, Maxime Giroux, Stéphane Lafleur, Rafaël Ouellet et plusieurs autres cinéastes de la nouvelle génération.»