
Les Treize, que l'on voit ici en répétition, prennent un malin plaisir à plonger dans l'univers absurde de la pièce. «C'est un défi amusant de créer des personnages qui s'approchent de la folie, mais qui doivent rester crédibles. Guillaume est génial. L'univers qu'il réussit à amener fonctionne et ça devrait être surprenant et très comique», affirme la comédienne Roxane Azzaria.
— Clémentine Ch.
Pour sa première mise en scène avec Les Treize, Guillaume Pepin s'attaque à cette oeuvre écrite en 1985 par le Franco-Roumain Mattéï Visniec, son auteur fétiche. «J'adore son univers absurde et son côté surréaliste. S'inspirant de Ionesco, lui aussi dramaturge français d'origine roumaine, Visniec remet en question les conventions théâtrales. Il veut briser le quatrième mur en ayant un échange direct avec le public», explique cet ancien étudiant du baccalauréat en études théâtrales et diplômé du Conservatoire de Québec.
La version de la pièce qu'il nous propose promet son lot de folie. Les personnages, exagérés, offrent une vision pour le moins déjantée de la justice. Un par un, ils viendront témoigner contre l'accusé, ce spectateur choisi aléatoirement dans la salle. «D'une représentation à l'autre, l'expérience sera différente selon la personnalité de l'accusé. J'ai avisé les comédiens qu'il est très possible que ce spectateur veuille interagir avec eux. Ils doivent s'attendre à recevoir des réponses de sa part ou à ce qu'il fasse des blagues s'il est à l'aise sur scène. On ne sait pas sur qui on va tomber», s'amuse le metteur en scène.
Cette participation du public demande de la concentration de la part des comédiens, qui devront redoubler d'efforts pour rester dans la peau de leur personnage. «On a appris nos textes, mais il suffit d'une réplique inattendue pour venir renverser l'histoire. C'est pourquoi il faut apprendre à gérer les imprévus et bien maîtriser notre personnage», fait remarquer José Gallienne.
Cet étudiant en affaires publiques et relations internationales joue le rôle du greffier. Responsable du volet administratif du tribunal, ce protagoniste sert avant tout de faire-valoir à la juge. «Il la suit comme un chien de poche. Pour reprendre une expression québécoise, il est «gossant»! Le greffier essaie constamment de placer un mot. Il vient rythmer la pièce, en faisant ici et là des interventions.»
De son côté, Roxane Azzaria, étudiante au certificat en création littéraire, plonge dans la peau d'une photographe, qui viendra témoigner au procès. «Cette photographe est à la limite d'être psychopathe. Elle observe tout et déteste que les gens clignent des yeux. Elle se situe très bien dans l'univers absurde de la pièce», dit la comédienne, ravie de vivre cette première expérience théâtrale.
Les autres personnages, que l'on devine tous aussi colorés, sont interprétés par Mathilde Baillot, Justine Bertrand, Alice Guéricolas, Stéphanie Hayes, Alexandra Hinse, Edwige Morin, Hugo Sakel et Louis Vézina. La scénographie est signée Laurie Carrier, tandis que les éclairages ont été réalisés par Emile Beauchemin. L'assistance à la mise en scène est de Maureen Roberge.
Cette pièce des Treize sera suivie, plus tard dans la saison, de Le bizarre incident du chien dans la nuit, une création de Simon Stephen adaptée par Simon Trudeau.
La pièce Le spectateur condamné à mort sera présentée du 17 au 21 février, au Théâtre de poche du pavillon Alphonse-Desjardins. On peut procéder à l'achat des billets en ligne, à l'adresse lestreize.org, par téléphone, au 418 656-2131, poste 8014, ou par courriel à lestreize@lestreize.org.