
«L'idée consiste à livrer de la poésie sur la place publique, à la démocratiser, en quelque sorte, explique Jean Désy, auteur de plusieurs recueils de poèmes. Nous allons par petits groupes de 4 à 5 personnes à la rencontre des gens. C'est très agréable de faire connaître la poésie de cette façon.» Que liront-ils aux promeneurs? «Parfois, notre propre poésie et, parfois, celle des autres», d'indiquer Jean Désy, qui affectionne particulièrement Hector de Saint-Denys Garneau et ses Regards et jeux dans l'espace.
Étudiante à la maîtrise en création littéraire, Rosalie Trudel se fiera à son intuition pour choisir des textes adaptés aux différentes situations. «Il y a certains poèmes que je connais par coeur et qui ont l'avantage de créer rapidement une image dans l'esprit des gens, dit la jeune femme, par ailleurs lauréate du prix de poésie Rolande-Gauvin pour L'ondée, paru aux Éditions du Noroît. Cela prend une certaine disponibilité de la part des gens; ils doivent accepter de se laisser toucher», ajoute-t-elle.
Slameur convaincu, Thomas Langlois, étudiant à la maîtrise en théâtre, participe à des événements du genre depuis 6 ans. Bien qu'il ait une petite idée des textes qu'il déclamera en fin de semaine, le jeune homme se garde cependant une marge de manoeuvre quant au choix final. «Il faut être à l'écoute des autres», explique Thomas Langlois, qui ne manque pas d'utiliser le sarcasme et l'ironie pour faire passer ses messages. «Le slam permet un rapport très direct avec le spectateur, insiste-t-il. Pour les jeunes, il peut aussi représenter une belle porte d'entrée vers la poésie.»
On dit souvent que la poésie est le parent pauvre de la littérature, que son bassin de lecteurs est limité, qu'il n'attire pas les foules, etc. Jean Désy estime que cette opinion est fausse. Il donne pour preuve l'assistance nombreuse à différents événements liés à la poésie depuis 20 ans à Québec, particulièrement dans le quartier Saint-Roch. Il mentionne également le Festival international de la poésie de Trois-Rivières, dont la popularité ne se dément pas depuis ses débuts en 1985. «Dans la brigade poétique, notre tâche consiste à faire entendre de la poésie à ceux et celles qui, peut-être, n'en ont jamais entendue, dit Jean Désy. C'est une activité très agréable. Le poème étant complet en lui-même, c'est beaucoup plus facile d'échanger à partir de la poésie qu'à partir d'un autre genre littéraire.»