
Les rêves des insomniaques contiennent nettement moins d'impressions de joie, de bonheur, de plaisir et de vivacité que ceux des bons dormeurs.
Pour ce faire, Alexandra Duchesne-Pérusse, Maude Pednault-Drolet et Célyne H. Bastien, de l'École de psychologie et du Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Québec, Joseph De Koninck, de l'Université d'Ottawa, et Jason G. Ellis, de la Northumbria University au Royaume-Uni, ont reçu l'aide de 12 bons dormeurs et de 12 insomniaques. Ces sujets ont accepté de passer deux nuits en laboratoire, branchés à des appareils permettant de mesurer différentes variables liées au sommeil.
Lorsqu'on dort, les périodes de sommeil paradoxal sont marquées par une activité onirique élevée. On sait qu'un dormeur est dans cette phase du sommeil en raison des mouvements oculaires rapides qui l'accompagnent. Pour les besoins de l'étude, les chercheurs ont donc réveillé les sujets quelques minutes après le début d'une phase de sommeil paradoxal et ils leur ont demandé de raconter leurs rêves et d'y accoler des impressions positives ou négatives.
Les analyses des chercheurs, qui viennent de paraître dans la revue Sleep Medicine, montrent que, contrairement à ce qu'on observe chez les bons dormeurs, la description que les insomniaques font de leurs rêves contient plus d'éléments négatifs que positifs. De plus, l'évaluation subjective faite par les sujets révèle que les rêves des insomniaques contiennent nettement moins d'impressions de joie, de bonheur, de plaisir et de vivacité que ceux des bons dormeurs. Pour compléter le tableau, un contenu élevé d'éléments négatifs dans les rêves est associé à une faible efficacité du sommeil (temps de sommeil/temps passé au lit).
«Les rêves des insomniaques semblent être en prolongement direct avec leurs expériences de vie éveillée, commente la doctorante en psychologie Alexandra Duchesne-Pérusse. Une explication possible est que les idées qu'ils ruminent contribuent à l'hyperactivité mentale qui précède leur sommeil. La qualité de leur sommeil s'en trouverait affectée.»
Si des études sur de plus grands groupes venaient confirmer le lien entre les rêves et l'insomnie, l'étudiante-chercheuse estime que les insomniaques pourraient tenter de briser ce cercle vicieux en explorant des techniques de contrôle des rêves. «Certaines techniques ont donné des résultats pour les gens qui font des cauchemars. Il faudrait voir si elles peuvent aussi aider les personnes qui font de l'insomnie.»