Nadine Ouellet a profité de cet exercice inusité pour s’interroger, et questionner ses étudiants, sur ce qui leur plaisait à Québec et ce qui leur manquait. Le fruit de leur cogitation est reproduit dans une affiche colorée, où chaque partie du bateau stylisé qui symbolise la ville se transforme. Pourquoi, par exemple, ne pas imaginer que dans 400 ans cette localité disposera d’une plage, d’un musée d’art contemporain, et surtout d’un aéroport vraiment international qui la mettra à portée des autres lieux intéressants du globe? «C’est une ville confortable actuellement, une belle ville, mais elle manque un peu de stimulation intellectuelle, confie la jeune femme. Il lui faudrait pouvoir ouvrir les bras sur autre chose». Sa collègue Sylvie Pouliot partage l’enthousiasme de sa collègue pour l’architecture du Vieux-Québec, elle salue également la place importante des espaces verts dans le canevas urbain. Elle rêve cependant d’un virage écologique plus marqué, et souhaite qu’en 2408, une portion du fleuve Saint-Laurent devienne un immense réservoir d’eau potable.
Pour sa part, Maude Bouchard a longtemps réfléchi sur les valeurs environnementales qui devraient faire partie du Québec de ses rêves. Dans son affiche, cela se traduit par une course de vélos où les trois participants arrivent ex aequo. Dans 400 ans, grande nouvelle, les riches, les pauvres, les inégalités sociales et les écarts criants n’existent plus. À preuve cette grande banderole «À louer» sur la façade de la Maison de Lauberivière, cet immeuble qui accueille actuellement les exclus de la société. «C’est une affiche engagée, affirme la chargée de cours. J’ai voulu faire passer un message social». Une autre affiche, conçue par l’illustrateur Paul Bordeleau, fait du centre-ville un lieu d’accueil pour une mosquée tandis que Stéphane Vallée imagine que la statue de Champlain porte un masque de plongée. Normal, avec les poissons qui l’entourent, puisqu’elle se trouve désormais sous l’eau.
Heureuses de leur expérience, les trois organisatrices de l’événement pensent proposer les affiches à des concours, et éventuellement les regrouper dans une publication. Elles jonglent aussi avec l’idée d’organiser un autre rendez-vous avec les créateurs l’an prochain, sur un thème différent. Passionné par le graphisme, le trio espère faire rayonner davantage cet art à Québec, un art surtout consacré à la publicité gouvernementale et marqué par une esthétique très fonctionnelle. «Le public est moins habitué à des formes graphiques plus conceptuelles, alors que depuis une dizaine d’années, beaucoup de nouveaux designers émergent», précise Sylvie Pouliot. Dès demain jusqu'au 2 mars, il est possible de s'imaginer quelques instants à Québec en l'an 2408 grâce à l'exposition 400 x 2 / La ville de Québec en 2408: utopie collective présentée à la Galerie des arts visuels. La Galerie, située au 255, boulevard Charest Est, est ouverte du mercredi au vendredi de 11 h 30 à 16 h 30, et les samedis et dimanches de 13 h à 17 h.