
Une étude de Francine Lavoie, professeure à l’École de psychologie, montre que ces jeunes répondent à un profil particulier. Les garçons et les filles qui s’adonnent à des activités sexuelles hors normes (sexe en groupe, concours de fellation, etc.) seraient ainsi plus susceptibles de «sexter» que d’autres jeunes aux mœurs plus traditionnelles. Même chose pour les adolescentes qui consomment beaucoup de pornographie en ligne.
Francine Lavoie a présenté ces résultats très préliminaires, tient-elle à préciser, lors d’une conférence portant sur l’usage des sextos chez les 14 à 18 ans. La chercheuse a prononcé son exposé à l’occasion de la 11e édition de l’Université féministe d’été qui a eu lieu récemment sur le campus.
Ses résultats découlent de deux enquêtes réalisées respectivement en 2006 et en 2011 auprès de plus de 1000 élèves du secondaire provenant de cinq écoles de Québec. Interrogés par questionnaire, les répondants devaient décrire certains aspects de leur vie personnelle et familiale. Pour des raisons d’ordre pratique, la chercheuse n’a tenu compte que des messages sexuels sous forme de photos.
En croisant certaines variables, Francine Lavoie a découvert que la sollicitation de sextos s’avérait plus élevée chez les garçons et les filles qui avaient eu des relations sexuelles avant l’âge de 13 ans. Les répondants qui avaient eu un fuck friend ou qui avaient vécu des aventures sexuelles sans lendemain étaient aussi susceptibles de grossir les rangs des solliciteurs.
Qu’est-ce qui motive l’envoi de ces messages à teneur sexuelle? Dans l’enquête effectuée en 2011, 28% des jeunes disaient avoir répondu à une demande de leurs pairs ou de leur petit ami (garçon ou fille), tandis que 33% affirmaient avoir plutôt cédé à leurs pressions. D’autres encore avaient agi de leur propre initiative pour se mettre en valeur ou pour donner une preuve d’amour.
À ceux et celles qui se préoccupent de cette vogue des sextos, la chercheuse répond que ce n’est pas la première fois dans l’histoire que la technologie bouleverse les rapports sociaux. «On s’inquiète que les filles fassent usage des réseaux sociaux sur Internet, mais l’arrivée du téléphone a été accompagnée des mêmes craintes, dit-elle. On a toujours peur d’un éventuel prédateur quand les femmes échappent au contrôle parental. Sans compter l’intimidation toujours possible.»
À l’adolescente qui serait malgré tout tentée par l’expérience, Francine Lavoie conseille la prudence. «Je lui recommanderais de choisir une application qui efface son image quelques secondes après l’envoi, dit-elle. Je lui dirais ensuite de s’imposer un temps de réflexion, en somme, d’envoyer son image seulement après une attente de 24 h. Enfin, au lieu d’analyser seulement si elle paraît à son avantage sur la photo, elle pourrait aussi se demander comment elle se sent là-dedans.»