
«Pour faciliter l’identification d’un suspect potentiel, il est probable que les enquêteurs feront le lien avec d’autres agressions de cette nature commises dans des lieux publics similaires, dit Nadine Deslauriers-Varin, criminologue et professeure de criminologie à l’École de service social. En fait, deux courants s’affrontent en la matière. Certains spécialistes tiennent pour acquis que le délinquant sera stable dans son mode opératoire, qu’il démontrera une certaine constance dans son comportement. D’autres pensent plutôt qu’il agira sur le coup du moment et selon les occasions qui se présentent, ainsi que sur les chances qu’il pense avoir de réussir l’agression.»
Afin d’en savoir plus long sur la stabilité du comportement chez les criminels, Nadine Deslauriers-Varin a décidé d’effectuer une étude sur le sujet. L’échantillon comptait 72 délinquants sériels sexuels masculins purgeant une peine de plus de deux ans entre 1995 et 2004, au Québec. Au total, les participants avaient commis 361 crimes sexuels sur des victimes inconnues et avaient été reconnus coupables d’avoir commis une moyenne de cinq délits. Les agressions allaient du simple attouchement au viol.
En analysant la façon de procéder de ces individus, la criminologue a trouvé certains fils conducteurs. Ainsi, les individus qui choisissaient d’attaquer la victime immédiatement après l’avoir rencontrée étaient susceptibles de procéder de la même manière lors d’une prochaine agression. Le lieu aussi avait de l’importance: les individus avaient tendance à choisir des milieux qui leur étaient familiers pour commettre leur méfait et à y retourner. Ces lieux pour eux familiers pouvaient être aussi bien un centre commercial situé près de leur résidence, un parc, une ruelle ou encore les abords d’une école du voisinage.
Le moment où l’on commet le crime est également un bon indicateur pour les méfaits suivants, rapporte Nadine Deslauriers-Varin. À cet égard, les hommes qui avaient agi durant la fin de semaine avaient tendance à récidiver durant cette période. Par contre, ceux qui avaient sévi les jours de la semaine étaient moins «stables» quant au moment de commettre leur prochaine agression, qui pouvait survenir à tout moment.
Enfin, l’expérience contribue à renforcer le caractère stable du comportement criminel de l’agresseur sériel. Plus un individu a de crimes à son actif, plus il a tendance à répéter le même scénario. «Quand une façon de faire a fonctionné, l’individu se dit que ça marchera la prochaine fois. Il est donc plus confiant et procédera de la même façon», conclut Nadine Deslauriers-Varin.
Stabilité du mode opératoire des délinquants sexuels sériels et crime linkage
Mercredi 8 mai, à 13h30, au 1447 du pavillon Charles-De Koninck. Inscription au congrès obligatoire.