
L'étudiant au doctorat en biologie William-Georges Crosmary observant un troupeau d'éléphants dans le parc national de Hwang, au Zimbabwe.
— Perrine Crosmary
Ses recherches portent sur les conséquences de la chasse touristique sur le comportement de l’hippotrague noir, de l’impala et du grand koudou. Le but de la thèse est de savoir si ces antilopes africaines changent leurs habitudes quand elles sont chassées. Pour cela, il compare les animaux du parc national de Hwange, où ils sont protégés, et ceux des zones de périphérie où la chasse est permise. Les points d’eau, dans ce paysage de savane arbustive, sont les endroits idéals pour observer les animaux qui s’y agglutinent. Et même s’il souligne que les habitudes de vie des animaux sont transformées, la chasse n’a pas que des méfaits. Les groupes de touristes occidentaux qui viennent chasser font ainsi marcher l’économie de la région.
Les chercheurs participent aussi à la dynamique du parc national. L’équipe de recherche sur le terrain réfléchit beaucoup à la dimension humaine de leur travail sur place. Cependant, les délais des recherches ne correspondent pas toujours aux besoins des populations. Alors, «C’est important d’apporter des éléments concrets pour qu’ils choisissent leur mode de gestion localement». Sur place, des étudiants zimbabwéens et étrangers paticipent avec la Zimbabwe Parks and Wildlife Management Authority à des études sur l’agriculture, la biologie et les sciences sociales, car «la conservation doit se faire pour les animaux et profiter aux populations».
William n’a pas l’âme d’un chasseur, mais il se rend néanmoins à l’évidence que «si tu ne donnes pas une valeur marchande à la faune, tu peux quasiment faire une croix sur la conservation». L’Afrique a des préoccupations plus importantes que de sauver des espèces. Comme l’a écrit en substance Romain Gary dans son roman Les racines du ciel, conserver la grande faune, c’est surtout la préoccupation des gens qui ont l’assiette bien remplie.
Quand on lui demande comment il voit son avenir, il répond «En Afrique bien sûr!». Grâce à son expérience de gestion de projet et de ses recherches au sein de Hwange Environmental Research and Development et du Centre national de recherche scientifique, il a désormais une expertise appréciable. Il souligne cependant que les grandes questions écologiques peuvent aussi bien s’étudier en Amérique du Nord, sur les grands troupeaux d’herbivores tels que les caribous. La fin de sa thèse est prévue pour le printemps prochain. De nouveaux horizons s’ouvriront alors à lui. Pourquoi pas les grands carnivores?