Le monde du travail change, ce qui n’est pas sans conséquence sur les systèmes de représentation. Les milieux de travail doivent sans cesse s’adapter sous l’influence des nouvelles technologies de l’information, de l’organisation transnationale de la production et des services, de la mondialisation économique et de la crise financière. La participation des femmes au marché du travail, la migration des travailleurs et la plus grande diversité ethnique contribuent toutes à la recomposition de la main-d’œuvre. De nouvelles valeurs viennent modifier les attentes relatives à l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle, pendant que l’éclatement des formes d’emploi modifie le rapport au travail et limite la capacité de chacun à maîtriser sa destinée, augmentant ainsi les disparités entre ceux que l’on appelle les «gagnants» et les «perdants», ce qui a d’importantes répercussions sur l’égalité des chances dans nos sociétés. La recherche d’avantages concurrentiels, par la flexibilisation et l’adoption de pratiques de gestion à haut rendement, incite certaines entreprises à promouvoir la participation des salariés, le dialogue social et le partenariat, tandis que d’autres remettent en question la pertinence de la représentation au travail, voire cherchent tout bonnement à l’esquiver.
Les institutions fortement interpellées
«Ces changements posent des défis considérables aux institutions traditionnelles de la représentation des travailleurs», note Gregor Murray, directeur du CRIMT. En effet, les nouvelles réalités du monde du travail soulèvent de nombreuses questions, que ce soit des questions relatives à l’accès, à l’efficacité et à l’effectivité des formes de représentation existantes dans les milieux de travail ou des questions concernant la nature des groupes à représenter et leur cohérence, ainsi que des questions au sujet de la possibilité de bonifier ces systèmes par l’ajout de nouveaux droits, tout en préservant leur cohérence d’ensemble. Des questions tout aussi légitimes se posent concernant l’accès inégal aux moyens d’expression selon que l’on travaille dans les services publics ou dans le secteur privé, la possibilité d’être performant à la fois sur les plans social et économique et, enfin, la capacité des acteurs collectifs – existants et émergents – de négocier ces transitions, de relever les défis qu’elles leur posent et d’ériger des systèmes de représentation mieux adaptés aux nouvelles réalités du monde du travail. «Devant la stagnation sinon la baisse des taux de syndicalisation un peu partout dans le monde, il nous semble que le moment est bien choisi pour dresser un bilan des systèmes de représentation au travail et réfléchir à leur avenir», souligne Christian Brunelle, professeur à la Faculté de droit et membre du comité organisateur.
Des chercheurs de plus de 20 pays, dont plusieurs sont reconnus internationalement pour la qualité de leurs travaux dans le champ de la représentation des travailleurs, seront appelés à livrer leurs réflexions sur ces enjeux fondamentaux lors du colloque. Seront également présents les principaux acteurs chargés de développer les politiques publiques de même que les représentants du marché du travail, comprenant le patronat, les syndicats, les conseillers juridiques, les représentants syndicaux et patronaux des conseils du travail et de l’emploi, ainsi que d’autres organismes représentatifs. Un événement spécial soulignera la tenue de ce colloque lors d’une conférence qui accueillera l’honorable juge Louis LeBel de la Cour suprême du Canada. Le colloque sera structuré en quatre sessions plénières et plus de soixante ateliers. Des services de traduction simultanée seront disponibles pour la plupart des activités du colloque. Le programme complet peut être consulté au www.crimt.org/ACRI-CRIMT2010.html.