
Les télomères (les régions illuminées à l'extrémité des chromosomes) ont une structure moléculaire presque optimale pour accumuler les dommages causés par les rayons UV. Cette particularité leur permet de protéger le reste du chromosome, mais elle affecte leur propre intégrité.
— Hesed Padilla-Nash et Thomas Ried
Les deux chercheurs en ont fait la démonstration en soumettant des chromosomes humains à un rayonnement ultraviolet et en mesurant simultanément les dommages et les réparations à l'ADN grâce à une puce moléculaire qu'ils ont mise au point. En raison de leur structure moléculaire, les télomères subissent sept fois plus de dommages que les autres régions du génome. De plus, contrairement à ce qui se produit ailleurs sur le chromosome, ces dommages ne sont pas réparés. Curieusement, l'accumulation de dommages qui s'ensuit n'affecte ni la division cellulaire ni le rythme de raccourcissement des télomères. «Ce type de dommages semble donc toléré par la cellule», observe Patrick Rochette.
Il est quand même étonnant qu'une structure chargée de préserver l'intégrité du génome ne soit pas en mesure d'assurer sa propre intégrité. «Si la cellule réagit ainsi, c'est que le remède est peut-être pire que le mal», suggère le chercheur. En effet, la réparation de sections endommagées dans les télomères pourrait provoquer des cassures double brin dans l'ADN, suivies de réarrangements chromosomiques conduisant à la formation de tumeurs cancéreuses. La contrepartie de cette stratégie non interventionniste est l'accumulation de dommages dans les télomères qui compliquerait leur réplication et conduirait plus rapidement à la mort cellulaire. «Nos résultats apportent surtout de nouvelles connaissances fondamentales sur les télomères, mais ils nous éclairent également sur le processus de transformation tumorale de la cellule», souligne le professeur Rochette.