
40 % des désinfectants commerciaux utilisés pour nettoyer les surfaces seraient peu efficaces pour éliminer un groupe de virus qui cause des gastroentérites.
— Marc Robitaille
Maryline Girard, Solange Ngazoa et Julie Jean, de l'INAF, et Kirsten Mattison, de Santé Canada, ont testé l'efficacité de trois grandes catégories de désinfectants pour éliminer les norovirus. Ces virus, responsables de plus de la moitié des éclosions de gastroentérite d’origine alimentaire, se propagent par contact direct avec les personnes infectées ou de façon indirecte par l'entremise d'objets, d'aliments ou de surfaces souillés par les selles ou les vomissures des malades. L'efficacité des désinfectants utilisés pour le nettoyage des surfaces, que ce soit à la maison ou dans les entreprises liées à l'alimentation, est donc cruciale pour limiter la propagation de ces virus lors d'épisodes de gastroentérite.
Les chercheuses ont découvert qu'il faut à peine dix minutes aux norovirus humains pour s'attacher fermement à une surface d'acier inoxydable. «Une fois fixés, ces virus peuvent survivre pendant plusieurs semaines et poser un risque de contagion pour les personnes qui les touchent», précise la responsable de l'étude, Julie Jean. Les tests effectués en laboratoire ont montré qu'un contact d'une durée de dix minutes avec un désinfectant à base d'eau de Javel abaisse par un facteur 1 000 la concentration de norovirus attachés à une surface. Les désinfectants à base d'alcool ou d'ammonium quaternaire se sont révélés 100 fois moins efficaces. «C'est inquiétant si on considère que ces deux types de désinfectants constituent près de 40 % des nettoyants commerciaux pour surface sur le marché», souligne la chercheuse.
À la lumière de ces résultats, la meilleure stratégie pour limiter la propagation des norovirus lors d'un épisode de gastroentérite serait de recourir à un désinfectant contenant de l'eau de Javel et de laisser le produit en contact avec les surfaces pendant au moins cinq minutes — idéalement dix — avant de procéder au rinçage, résume Julie Jean. «Les résultats que nous avons obtenus avec des surfaces d'acier inoxydable s'appliquent probablement aux autres matériaux», ajoute-t-elle.