Telle est l’une des conclusions qui se dégagent de la thèse de doctorat en psychologie de Claudiane Melançon, psychologue en santé mentale dans le programme Famille-Enfance-Jeunesse d’un CLSC de la région de Québec. Aux fins de son étude ayant pour titre «La violence psychologique entre les parents et leurs adolescents et l’adaptation des jeunes», Claudiane Melançon a administré un questionnaire à 278 élèves de première, deuxième et troisième secondaire de trois écoles de la région. La question principale n’était pas de savoir si les jeunes vivaient ou non beaucoup de violence psychologique de la part de leurs parents, mais plutôt d’étudier les problèmes d’adaptation associés et les stratégies d’adaptation adoptées par les jeunes.
Affirmation et agressivité
«Chez les filles, l’évitement est associé à une augmentation des problèmes intériorisés et extériorisés, explique Claudiane Melançon. Par exemple, elles choisiront d’éviter de se mesurer verbalement avec leurs parents et d’ignorer la violence subie. Or, le fait d’essayer d’éviter un problème n’aide pas à régler les problèmes. L’évitement peut diminuer la détresse à court terme, mais cet effet peut être difficile à maintenir. Chez les garçons, les stratégies d’approche, qui consistent par exemple à s’affirmer face à ses parents, risquent d’amener leur lot de problèmes extériorisés tels que l’agressivité. De plus, le jeune qui se fait violenter par son parent peut être porté à entretenir des relations avec des pairs déviants, ce qui peut envenimer les choses. À cet égard, on constate que le soutien social que pourrait chercher l’adolescent auprès d’autres jeunes ne joue pas toujours un rôle de protection.»
Selon la psychologue, les jeunes qui sont plus à risque de développer des problèmes de comportement de même qu’un niveau de violence plus élevé sont ceux qui sont à la fois victimes de violence de leurs parents et agresseurs de ceux-ci. Ce groupe éprouverait d’ailleurs plus de difficultés et de détresse. «Ces résultats suggèrent que la réciprocité de la violence psychologique pourrait être un indicateur important de la gravité de la dysfonction familiale, et donc, de l’urgence d’agir pour venir en aide à ces familles», souligne Claudiane Melançon.