
Robert Lepage dans Le projet Andersen: «Est-ce que le public nous suit'»
On le sait: l’homme accorde une large place à l’improvisation dans le processus de création. «Dès la première séance de travail du Projet Andersen, raconte Chantal Hébert, Robert Lepage, qui ne sait pas exactement de quoi sera fait le spectacle, n’ignore pas pour autant les enjeux esthétiques et les motifs qui l’intéressent comme le voyage, l’art, la sexualité, la drogue, les relations amicales et les histoires familiales. Lepage annonce aussi qu’il sera question d’un chien psychologiquement troublé invisible tout le long du spectacle. Il évoque également des idées de personnages et parle des thèmes qu’il aimerait voir traiter dans la pièce, en l’occurrence la beauté et la laideur, la réalité et la fiction, le romantisme et la modernité. Tout au long de cette première journée, Lepage développe des bribes d’histoires qui tiendront ou ne tiendront pas la route, c’est selon.»
«Est-ce que le public nous suit?»
Le reste tient de la magie propre aux spectacles signés Robert Lepage. «S’il est une chose dont les créateurs d’Ex Machina ne semblent pas douter le moins du monde, souligne Chantal Hébert, c’est bien de la pertinence et de la richesse de la récupération et de la transformation d’images de toutes sortes. Lors d’une séance de travail, Robert Lepage dira d’ailleurs que "l’avenir est dans Photoshop".» Un autre élément frappant chez l’homme est qu’il fait confiance au spectateur quant aux liens à faire dans ses spectacles. Ce qui n’empêche pas qu’il a le souci constant d’éclairer le spectateur de sa lanterne magique pour éviter qu’il se perde sur le chemin de l’ombre et de l’incompréhension. «Lorsqu’on lui propose des choses ou qu’il expérimente des voies nouvelles, dit Chantal Hébert, Lepage soulève à maintes reprises l’interrogation suivante auprès de ses collaborateurs: "Là, est-ce que le public nous suit"?»