
Parler japonais avec les Nippons
Dans son livre, Valérie Harvey fait le tour du jardin japonais, si on peut dire. Elle nous parle de la cuisine qu’on y mange, mais aussi de celle qu’elle a appris à faire dans le minuscule appartement d’une pièce et demie qu’elle partageait avec son mari. Elle nous raconte les saisons, explique que l’automne venu, les Japonais coupent les feuilles des arbres avant qu’elles ne tombent, pour des raisons de propreté et de civisme. Elle nous parle de ces restaurants où on sert exclusivement du tofu, à toutes les sauces, bien entendu, et de l’étonnement amusé de ses amis japonais à la voir cuisiner des sushis à l’aide de livres de recettes apportés du Québec. Car croyez-le ou non, les Japonais ne cuisinent pas de sushis chez eux, mais les commandent chez le traiteur. Le thé (délectable), les transports en commun (super organisés et à l’heure), le climat (diversifié) représentent autant de sujets dont nous entretient l’auteure. Toutefois, c’est l’heureux mélange entre tradition et modernité qui fait dire à Valérie Harvey que le Japon est un pays à part. Par exemple, on voit des jeunes femmes de carrière traînant sur elles tout un attirail de technologies dernier cri entrer se recueillir dans un temple bouddhiste. Sous des allures réservées, les Japonais sont des gens plutôt chaleureux et amicaux, note-t-elle. Ils ressemblent un peu aux Québécois: une fois la glace brisée avec les étrangers, les liens se créent facilement.»
Avant son départ pour le Japon, la jeune femme possédait une certaine maîtrise du japonais, acquise au cours d’un certificat en langues modernes. «Après trois mois, mon japonais ne s’améliorait pas puisque je parlais beaucoup avec des étrangers qui, eux, conversaient en anglais, dit-elle. C’est là que j’ai compris que des gens pouvaient vivre au Québec sans pour autant parler français. Quand on peut se débrouiller sans comprendre la langue du pays, on ne fait pas toujours l’effort de l’apprendre.» Valérie Harvey a décidé de parler japonais aux Japonais et, à cette fin, a suivi des cours intensifs. Aujourd’hui, elle compare sa connaissance de la langue à celle d’un enfant de 3e année, ce qui n’est pas si mal, à son avis. La langue écrite lui a aussi donné du fil à retordre. La jeune femme a ainsi causé une peur bleue à un ami japonais en lui envoyant un courriel où elle lui apprenait sans ambages que cette lettre était la dernière avant son «suicide», en lieu et place de son «départ du pays».
Rien de tout cela ne démonte Valérie Harvey qui a eu la piqûre de l’ailleurs à l’école primaire lors d’une conférence qui portait sur la Chine. Ayant pour sujet le phénomène de la dénatalité au Japon et au Québec, son mémoire de maîtrise est à peine commencé qu’elle songe à retourner dans l'Empire du Soleil levant afin d’élargir ses horizons.