Bruits répandus – moment donné est accompagnée d’Écluse, une œuvre vidéographique de Caroline Gagné et de l’électroacousticien Patrice Coulombe. Écluse donne à voir deux surfaces: celle de l’eau, surface calme, continue, étale, puis la surface érodée d’un cargo qui traverse l’espace comme une ligne d’horizon. Surface dure et rude, mais tout aussi étonnante, car, comme l’écrit la commissaire de l’exposition, Lisanne Nadeau, elle «se transmute en véritable champ pictural». Œuvre forte, Écluse pourrait faire figure d’intruse dans une exposition consacrée au dessin, mais sa présence est justifiée, entre autres, par les liens étroits qu’elle tisse avec le travail de Josée Landry-Sirois.
Si la révélation naît du mouvement, le mouvement peut donner naissance au dessin
«Dans le fond, ce sont des règlements de compte», dit cette dernière de ses dessins. Et si ses mots étonnent, ses dessins aussi. Josée Landry-Sirois, c’est l’évidence qui surprend. Sa participation à l’exposition prend la forme de deux grands dessins; l’un se dégage d’un fond noir, l’autre, d’un fond blanc. Le plus grand trace une ligne d’horizon d’une vingtaine de pieds, mais il se lit d’un trait, comme s'il avait été dessiné d’un seul souffle. On dirait qu’un monde s’y est déposé: de gauche à droite, les traces de vie se multiplient, s’accumulent, se juxtaposent sans refuser le chaos, mais en cherchant par moment la structure. Ce long dessin noir comme un ciel de nuit a été créé en plein Symposium international de Baie-Saint-Paul, l’an dernier. Un parmi d’autres, il a été créé non pas contre, mais dans l’encombrement, la cohue et les bruits ambiants. Comme pour s’enchaîner au dessin, Josée Landry-Sirois l’a commencé en répétant continuellement le même motif ou, du moins, jusqu’à ce que le motif devienne mantra et l’entraîne dans son mouvement. Habituellement, les dessins de Josée Landry-Sirois, qui crée dans un atelier aux dimensions modestes, sont de petites tailles. Mais ceux qu’elle présente ici désobéissent à cette règle.
«Le dessin, c’est si personnel…, chaque personne a son tracé, c’est un peu comme l’écriture: chaque trait est unique et révélateur». Et ces mots de Josée Landry-Sirois introduisent à merveille le travail singulier d’Annie Thibault qui suit des chemins rarement explorés. Formée à la fois en sciences pures et en art plastique, Annie Thibault réussit à lier de façon pertinente et ingénieuse les mondes de l’art et de la science. Et, bien sûr, elle travaille avec le vivant. Elle mériterait davantage d’espace dans cet article qui ne pourra rendre justice à La danse d’Euglena, mosaïque de petits dessins au plomb achevés à l’aquarelle et qui, du premier au dernier, témoignent de l’insaisissabilité du vivant. Devant la mosaïque, une table de travail, de dessin peut-être, sur laquelle repose l’image d’une main qui tente de suivre à la pointe du crayon un microorganisme: Vorticella et Euglena, essai nº 2.
La Galerie des arts visuels loge dans l’édifice La Fabrique, au 255, boulevard Charest Est. Heures d’ouverture: de 12 h à 17 h du mercredi au dimanche.