
Plus de 50 % des femmes qui fréquentent la clinique du groupe de recherche ne consommeraient pas la dose de calcium quotidienne recommandée. Idéalement, le calcium devrait provenir d'aliments comme le lait écrémé ou partiellement écrémé.
Les chercheurs en ont fait la démonstration en soumettant 63 femmes obèses à un programme amaigrissant de 15 semaines. Les participantes consommaient, en moyenne, moins de 800 mg de calcium par jour, alors que la recommandation des nutritionnistes est de 1000 mg. En plus de suivre un régime réduit en calories, ces femmes devaient prendre quotidiennement soit deux comprimés de placebo ou deux comprimés de calcium totalisant 1200 mg de cet élément. Au terme du programme, les chercheurs n’ont observé aucune différence entre les deux groupes au plan de la perte de poids. Toutefois, lorsqu’ils ont limité leurs analyses au groupe de très faibles consommatrices de calcium — moins de 600 mg par jour —, ils ont découvert que les femmes du groupe calcium avaient perdu près de 6 kg contre 1 kg pour les femmes du groupe placebo. «Notre hypothèse est que le cerveau est en mesure de percevoir une carence en calcium et qu’il cherche à la compenser en stimulant la prise alimentaire. Cette réaction de l’organisme ne favorise évidemment pas le succès d’un régime amaigrissant, souligne Angelo Tremblay. La prise de suppléments de calcium aurait pour effet de prévenir cette hausse du désir de manger.»
Une filière prometteuse
Ces résultats viennent ajouter un nouveau chapitre à la filière calcium que le professeur Tremblay et ses collaborateurs explorent depuis quelques années. En 2003, ces chercheurs ont démontré que les personnes dont l’alimentation est pauvre en calcium ont un pourcentage de gras, un tour de taille et un taux de mauvais cholestérol plus élevés que celles qui en consomment modérément ou beaucoup. Une seconde étude, qui s’échelonnait sur six ans, a révélé que plus les gens avaient réduit leur consommation de produits laitiers pendant cette période, plus leur poids, leur taux de gras corporel et leur tour de taille avaient augmenté. Ces deux études constituaient toutefois des preuves indirectes d’un lien entre l’obésité et le calcium. En 2007, une première étude faisant appel à des suppléments de calcium a permis aux chercheurs d’établir un lien direct entre cet élément et une amélioration du profil de risque cardiovasculaire chez des personnes qui suivent un régime amaigrissant. Cet effet était surtout manifeste chez les petits consommateurs de calcium.
Les personnes qui entreprennent un régime amaigrissant auraient donc tout intérêt à s’assurer qu’elles consomment suffisamment de calcium, histoire de mettre toutes les chances de leur côté. Plus de 50 % des femmes qui fréquentent la clinique du groupe de recherche ne consommeraient pas la dose quotidienne recommandée. «Idéalement, le calcium devrait provenir d’aliments comme le lait écrémé ou partiellement écrémé, suggère Angelo Tremblay. Si on ne parvient pas à en consommer suffisamment de cette façon, la prise de suppléments de calcium devrait être envisagée.»