Ce roman, qui vient de paraître en janvier aux Éditions Tryptique, est la première œuvre de fiction d’Annie Cloutier, étudiante au baccalauréat en sociologie et mère de trois enfants. «Ce livre est pour moi la concrétisation d’un travail acharné», affirme-t-elle en précisant qu’elle écrit depuis l’adolescence. Dans ce récit, les choix de vie contrastés des deux héroïnes permettent à cette féministe de traiter d’enjeux contemporains: la sexualité (abordée très crûment), l’accouchement et la maternité, les amours métissées, ainsi que la mondialisation et les inégalités sociales, notamment en abordant le passé colonial des Pays-Bas. Si l’auteure a décidé de camper son récit sur les dunes venteuses de la mer du Nord, c’est qu’elle connaît intimement ce pays pour y avoir vécu six ans et pour partager sa vie avec un Néerlandais d’origine.
Dire la réalité des femmes
Difficile de ne pas demander à Annie Cloutier, plus proche d’Angela par ses expériences et ses valeurs – le parti pris du personnage pour l’accouchement naturel, sa décision d’élever un temps son fils, son retour tardif sur les bancs d’école, ou encore son indignation devant l’injustice –, si Anna, qui ploie sous les non-dits et les conventions, n’est pas le pendant moins flamboyant de la première. «Bien au contraire, je trouve Anna tout aussi intéressante et j’ai beaucoup d’affection pour ce personnage. En fait, je suis entourée d’Anna et je suis fascinée par ces femmes qui réussissent, toujours égales à elles-mêmes. Elles sont le produit de notre société et j’avais, en écrivant, l’obsession de sa faille», confie-t-elle.
Annie Cloutier, qui soutient que «la vie des autres est toujours un mystère», se défend bien d’être une superwoman. Elle qui a mis le militantisme de côté pour se consacrer à l’écriture, aux études et à sa famille, dit avoir trouvé l’équilibre parfait. Elle écrit partout, même pendant ses cours (!!), et possède quelques romans en chantier. Émule de Nancy Huston (La virevolte est son œuvre phare), de Carol Shields et d’Aki Shimazaki, elle se dit inspirée par le besoin de dire la réalité des femmes qui est une «“réalité totale”, tout autant que celle des hommes en littérature».