Lisanne Nadeau, directrice de la Galerie des arts visuels, juge la cuvée 2009 particulièrement intéressante puisqu’elle propose un voyage à travers des imaginaires baignés d’intimité. «Ce sont des artistes en pleine effervescence chez lesquels on sent l’émergence d’un langage tout à la fois touchant, personnel et expressif.» S’il n’y a pas de thème imposé, l’exposition plonge le visiteur dans un climat où l’intime tient une grande place. Les six étudiants explorent la picturalité, l’estampe ou le dessin pour s’interroger sur les notions de quotidien et de vie privée.
Jean-Philippe Harvey présente une œuvre à la fois onirique et surréaliste, succession de 50 petits dessins exécutés sur des pages de livres anciens à l’aide d’un stylo bille noir. «Chaque dessin implique une rencontre avec soi-même », confie le jeune homme de 24 ans. Fasciné par la texture des cheveux et des poils, il a trouvé dans le stylo un médium complexe qui lui permet d’accumuler les lignes et les fragments d’écritures. De son côté, Sandra Caissy, 28 ans, place le portrait au centre de sa démarche artistique. Elle présente une série de visages représentant des personnes qui ont jalonné sa vie passée. Un éclat de couleurs vives et lumineuses qui rompt avec des œuvres habituellement plus sombres et d’où émerge un questionnement sur la qualité des rapports humains. «Le travail sur l’intime est indéniablement dans l’air du temps, analyse-t-elle. Il n’y qu’à écouter les discours d’artistes majeurs comme Sophie Calle ou Philippe Lejeune pour saisir l’impact de l’intime sur l’universel. Je m’inscris dans ce courant autobiographique qui vise à parler de la réalité actuelle à travers l’intimité de sa propre vie.»
Nadia Bouchard, 30 ans, a épousé la même approche avec ses «18 morceaux d’une âme». Composée de 18 tableaux, son œuvre est une mise en scène théâtrale où chaque pièce raconte une histoire, un moment d’intimité qui invite au voyage. On peut regarder chacune des gravures seule ou encore s’intéresser à l’ensemble comme autant de chapitres qui formeraient un livre.» Marika Dostie, 21 ans, a choisi pour sa part d’exposer deux photographies grand format aux couleurs chatoyantes. Immenses, elles plongent le visiteur dans une dimension privée faites de contrastes. Pour elle, comme pour ses acolytes étudiants, l’exposition Banc d’essai constitue une expérience d’importance. « Nous exposons dans un espace qui abrite au fil des saisons les oeuvres d’artistes contemporains reconnus, c’est donc un grand honneur que d’être accueilli ici. »
La quatrième édition Banc d’essai est présentée juqu’au15 février à la Galerie des arts visuels, 295 boulevard Charest Est. La galerie est ouverte du mercredi au dimanche de 12 h à 17 h.