Selon Philippe Le Prestre, professeur au Département de science politique et directeur de l’Institut Hydro-Québec en environnement, développement et société (IHQEDS), les négociations actuelles sur les changements climatiques tournent largement autour de la notion d’équité. «Comment répartir les risques associés à la réduction des GES, comment répartir le fardeau des mesures à prendre, et selon quels principes?, demande-t-il. Le Brésil, par exemple, dit que ce devrait être selon la contribution historique des pays au problème de GES. D’autres pays disent que ce doit être en fonction du niveau de développement économique.»
Le jeudi 4 décembre, au pavillon Charles-De Koninck, Philippe Le Prestre a prononcé une conférence sur le thème «L’après-Kyoto: où en sont les discussions?». Sa communication avait pour toile de fond la 14e Conférence des Nations Unies sur le changement climatique qui se déroule jusqu’à demain, le 12 décembre, à Poznan, en Pologne. Quelque 8 000 personnes y assistent. Selon le directeur de l’IHQEDS, il faut aller plus loin que la notion d’«un accord pour tout le monde». «Doit-on impliquer près de 200 pays dans les négociations? lance-t-il. Pourquoi pas un directoire? Un maximum d’une vingtaine de pays sont importants dans le dossier.» Philippe Le Prestre souligne la très grande complexité du texte du Protocole de Kyoto. «À Poznan, dit-il, 90 % des délégués n’en comprennent pas tous les détails. Si personne ne comprend plus rien à cet accord, sa légitimité en prend un coup.» Ce dernier s’interroge sur la manière dont se fera la redistribution des droits d’accès à l’atmosphère. «L’atmosphère, indique-t-il, est un bien en commun dont l’accès est maintenant limité parce que sa capacité d’absorption est maintenant limitée.»
Environ 180 pays ont signé le Protocole de Kyoto en 1997. Du nombre, 38 pays industrialisés se sont engagés à réduire, à partir de 2005, leurs émissions de GES à des niveaux inférieurs à ceux de 1990. «La plupart des pays signataires n’ont pas encore atteint leur cible d’émissions», mentionne le professeur Le Prestre. Les États signataires du Protocole se subdivisent en deux groupes. «Les États chefs de file, comme la Norvège, veulent des engagements forts, précise ce dernier. Les États freins, dont le Canada, ne veulent pas de réduction quantifiée associée à des échéanciers.»
Durant la campagne électorale américaine, le candidat démocrate Barack Obama a promis de restaurer le leadership des États-Unis sur les changements climatiques. «Les Américains, qui sont le deuxième émetteur de GES au monde derrière la Chine, ne seront probablement pas opérationnels avant juin 2009 dans ce dossier, ce qui leur laissera peu de temps pour le sommet de Copenhague», estime Philippe Le Prestre.
Les changements climatiques représentent un problème à dimensions multiples. Ce problème est notamment économique (l’inaction, tel que mentionné dans le rapport Stern, a un coût), moral (de petites îles risquent d’être submergées par l’élévation du niveau des mers) et sécuritaire (les aires de certaines maladies pourraient s’étendre).