«Tout n’est pas violence, mais la violence est partout», dit Bernard Dagenais qui a d’ailleurs effectué sa thèse de doctorat sur l’un des épisodes les plus violents de l’histoire contemporaine du Québec, soit la Crise d’octobre, en 1970, au cours de laquelle Pierre Laporte, alors ministre du Travail et de la Main-d’œuvre, a été assassiné. Dans ce cas précis, la mort de Pierre Laporte a mené à l’abandon de la violence par les terroristes, explique Bernard Dagenais. En ce sens, la violence est parfois purificatrice et la victime sert de monnaie d’échange, comme c’est le cas quand on sacrifie un être humain pour calmer la colère des dieux.» La violence est aussi parfois un mal nécessaire quand un peuple prend les armes pour défendre sa liberté et l’intégrité de son territoire.
Morts au combat
Cela dit, la violence est souvent dirigée vers l’État, servant généralement bien les intérêts de ceux qui l’utilisent. «En 1998, les producteurs de porc qui ont bloqué pendant des jours l’autoroute 20 près de Drummondville pour forcer le gouvernement à baisser le prix du porc ont fini par obtenir des millions, souligne Bernard Dagenais. De leur côté, les 40 000 infirmières qui ont mené une “grève douce” et sans violence en 1999 pour défendre leurs conditions de travail et protester contre la diminution progressive des soins de santé ont été forcées de rentrer au travail par le gouvernement.» En fait, la violence est gagnante sur tous les fronts pour ceux qui l’utilisent à des fins de conquête. Par millions chaque année, des gens meurent au combat, que ce soit au Rwanda, au Congo ou en Afghanistan. Le plus invraisemblable est que même les États les plus pauvres réussissent à trouver de l’argent pour faire la guerre. Ce n'est pas mieux du côté d’une superpuissance économique comme les États-Unis qui dépense des centaines de milliards de dollars dans la guerre en Afghanistan, alors que d’autres secteurs comme celui de l’éducation souffrent cruellement d’un manque à gagner.
Comment contrer cette violence qui empoisonne le monde? «D’une part, tous ceux qui exercent l’autorité devraient arrêter de bloquer les systèmes de décision, estime Bernard Dagenais. En effet, le manque d’écoute génère énormément de frustration auprès des gens. D’autre part, les dirigeants devraient faire preuve de beaucoup plus d’ouverture. Dans notre système démocratique, celui qui a un vote de plus est celui qui obtient le pouvoir. Je crois que nous avons besoin davantage d’alliances et de terrains neutres.»