Professeur à la Faculté de médecine, directeur du Centre de recherche en infectiologie (CRI) et entrepreneur chevronné, Michel Bergeron en connaît un bout sur le transfert technologique, un domaine dans lequel il trempe depuis une vingtaine d’années. En 1995, il fondait Infectio Diagnostic pour assurer la commercialisation d’une technologie, mise au point au CRI, qui permet le dépistage rapide des maladies infectieuses. En 2006, cette entreprise était achetée par Becton, Dickinson and Company et elle emploie maintenant 300 personnes à Québec. Au cours des 5 dernières années, les chercheurs du CRI ont obtenu 28 brevets et 5 produits issus de leurs laboratoires ont été mis en marché. «Même s’ils peuvent compter sur l’appui d’un bureau de valorisation des innovations, les chercheurs universitaires qui font une découverte commercialisable restent toujours les mieux placés pour en faire la promotion. On ne peut pas confier cette tâche à quelqu’un d’autre et s’en laver les mains comme Ponce Pilate. Le chercheur doit rester au centre du processus de valorisation.»
Le directeur de la recherche au CHUQ, Jean-Claude Forest, abonde dans le même sens. «Les administrations peuvent encadrer et faciliter les démarches de valorisation des découvertes, mais les chercheurs sont les meilleurs ambassadeurs de leurs travaux auprès des entreprises. Ils sont les mieux placés pour établir des liens. Beaucoup de chercheurs qui réussissent dans leur domaine sont aussi des entrepreneurs ouverts aux collaborations avec les entreprises.»
Heureux hasard, les chercheurs de l’industrie agissent comme éclaireurs pour le compte de leur employeur lorsqu’ils participent à des congrès scientifiques. «Nos employés doivent repérer des chercheurs dont les travaux présentent un potentiel pour nous. Ils ont même des objectifs annuels à atteindre de ce côté», a signalé Philippe Walker, vice-président recherche chez AstraZeneca Canada. Pourtant, cette multinationale pharmaceutique ne manque pas de personnel en R-D: 13 000 de ses 66 000 employés œuvrent au sein de ses 17 centres de recherche établis dans 8 pays. Malgré cette armée de chercheurs, l’entreprise reste à l’affût des idées et de l’expertise des milieux universitaires. «Nous cherchons surtout l’excellence scientifique, la connaissance intime des maladies pour lesquelles nous développons de médicaments et un savoir-faire complémentaire au nôtre.»