Yves Lacasse, Réjean Lamontagne, Sylvie Martin, Serge Simard et Marie Arsenault ont mis cette idée à l’essai auprès de 196 fumeurs lors d’une hospitalisation de courte durée à l’Hôpital Laval. Ces patients, dont 60 % étaient atteints de sérieux problèmes cardiovasculaires, fumaient, en moyenne, 20 cigarettes par jour. La moitié des sujets a eu droit à un programme d’information visant à les aider à cesser de fumer, de même qu’à un soutien psychologique et, s’ils en ressentaient le besoin, à des timbres transdermiques de nicotine. De plus, pendant les 45 premiers jours qui ont suivi leur congé de l’hôpital, ces patients ont été contactés par un membre de l’équipe de recherche afin de s’assurer que tout se déroulait bien. De leur côté, les patients du groupe témoin ont reçu les soins et conseils habituels dispensés par le personnel de l’Hôpital Laval.
Un an plus tard, 30 % des patients du groupe qui a profité du programme d’intervention contre le tabagisme avaient cessé de fumer... et tout autant dans le groupe témoin, rapportent les chercheurs dans un récent numéro de la revue scientifique Nicotine and Tobacco Research. Ce résultat suscite des réactions ambivalentes chez les responsables de l’étude, qui espéraient que l’intervention produise un écart de 10 points de pourcentage entre les deux groupes. «D’une part, le programme antitabac ne s’est pas révélé plus efficace que les conseils habituels donnés par le personnel soignant, constate Yves Lacasse. Mais, ça ne signifie surtout pas qu’il est inutile d’intervenir auprès de ces patients, poursuit le professeur de la Faculté de médecine. Au contraire, nos résultats indiquent que les encouragements à cesser de fumer que le personnel de l’hôpital adresse de façon courante aux patients suffisent à convaincre 30 % d’entre eux à passer aux actes de façon durable. C’est nettement mieux que les taux de 15 à 20 % auxquels nous nous attendions dans ce groupe. Ceci nous amène à conclure que même une intervention minimale porte fruit.»
Selon le professeur Lacasse, un suivi plus étroit des participants après leur retour à la maison permettrait d’améliorer sensiblement l’efficacité d’un programme antitabac initié à l’hôpital. «Il faudrait les contacter plus rapidement, plus fréquemment et plus longtemps, croit-il. À l’hôpital, on ne peut pas faire plus que ce qu’on a fait.»