
Jean Lapointe, Humiliation, 2007. Aquarelle et encre de Chine.
C’est exactement ce que ressent Mélissa Lizotte qui a commencé à dessiner il y a deux ans. Si au début la jeune femme hésitait à montrer ses portraits très expressifs, l’admiration qu’elle lisait dans le regard des autres lorsqu’ils découvraient les visages sortant de son fusain l’a poussée à sortir de sa coquille. «Quand on reçoit un diagnostic de santé mentale, on pense du même coup qu’on est condamné à un aller-simple pour la chaise berçante, fait-elle remarquer. Le dessin m’a montré que j’étais capable de faire autre chose, cela m’a stimulé.» En plus de croquer sur papier des visages dont les rides racontent une longue histoire de vie, Mélissa a repris le chemin des études en s’inscrivant à un certificat à l’École de service social de l’Université Laval. Une façon pour elle de reprendre son envol.
De son côté, Denyse Tousaint, inscrite depuis six ans au programme, puise une grande motivation dans les expositions annuelles où elle présente ses portraits très colorés. «Dans le passé, ma peinture était plus sombre, je m’habillais en gris, en noir. Maintenant je m’éclate avec la couleur et j’expérimente», raconte l’artiste en contemplant ses personnages aux grands yeux naïfs et aux chevelures arc-en-ciel. «Avec le programme, je peux suivre des ateliers à l’École des arts visuels et essayer beaucoup de techniques différentes. Actuellement, c’est l’acrylique qui m’attire.» À quelques pas, les grandes compositions de Benoît Genest Rouiller éclaboussent les murs avec leurs couleurs chaudes. L’artiste, qui signe sa quatrième exposition publique, reconnaît volontiers qu’il lui a fallu apprivoiser le contact avec les visiteurs. «J’ai moins peur des autres maintenant, de leur parler de moi, et je sens une ambiance plus positive», explique le jeune homme. Il laisse donc aller sa truelle, son couteau et sa spatule au gré de son imagination, pour des compositions picturales toujours spectaculaires.
L’exposition Vincent et moi est présentée jusqu’au 28 septembre, de 12 h à 17 h du lundi au jeudi, et de 13 h à 20 h du vendredi au dimanche, à la salle Marie-Renouard du Centre hospitalier Robert-Giffard, 2601 chemin de la Canardière à Québec.