«Dans un monde où la nouvelle drogue est la consommation à outrance des virtualités du cyberespace électronique, Aux sources du psychédélique est un livre important qui nous rappelle que les premiers visionnaires d’une conscience planétaire écologique ont été les hippies des années soixante. On y apprend également que l’expérience psychédélique a donné naissance aux premiers “human-be-in”, où l’art canalisait le vertige d’être ensemble à partager la joie de vivre. À cette époque, il n’y avait pas d’écran entre les humains solitaires tentant de se brancher sur les satellites de l’informatique. Dans les “communes”, on entrait directement en communication par la chair et par l’esprit. On se branchait sur l’infini. On prenait le temps d’être. “Vivre et laisser vivre” était un principe humanitaire et sacré.» C'est de cette façon que Raôul Duguay présente Aux sources du psychédélique (PUL, collection Paradis artificiels, 2008), dans la préface de cet ouvrage de Guy Morin, professeur de philosophie au Cégep de Lévis-Lauzon. C’est pour répondre à une interrogation soulevée par Mircea Eliade sur la quête spirituelle dans nos sociétés que l’auteur a voulu remonter aux sources du psychédélique.
Une infirmière militante
Louise Gareau, infirmière de combats (PUL, collection Infirmières, communautés, sociétés, 2008) présente les entretiens de Bernard Roy avec cette fonceuse qui «savait tout le sang et toutes les douleurs». Le docteur Henry Morgentaler parle d'elle de cette façon: «Notre monde risque de mourir par trop d’obéissance. S’il y avait sur cette terre plus de Louise Gareau, plus de gens capables de poser des actes réfléchis empreints de profondes valeurs de dignité et d’humanité, ce risque deviendrait pratiquement nul. Louise Gareau fait partie de ces gens qui ont fait que je me suis senti soutenu dans le combat de ma vie pour la dignité, pour le droit des femmes à pouvoir choisir librement leur maternité et à pouvoir avoir accès librement et dignement à une interruption volontaire de grossesse dans de bonnes conditions.» «En tant qu’infirmière, je ressentais ce désir de m’investir dans ces luttes sociales parce que j’avais des demandes précises de femmes qui venaient me voir alors que j’étais au CLSC, affirme Louise Gareau. Comme infirmière, je me sentais responsable. Ce qui heurtait mes valeurs d’infirmière, c’est lorsque des personnes formulaient une demande et que celle-ci n’était pas écoutée, principalement dans les hôpitaux. Ça heurtait mes valeurs lorsque, par exemple, un couple demandait un accouchement sans violence, conforme à leur choix, à leurs valeurs et qu’il ne l’obtenait pas. Ça me heurtait qu’une femme désirant interrompre une grossesse non désirée ne soit pas entendue, écoutée ou respectée.» Bernard Roy est professeur à la Faculté des sciences infirmières et titulaire d'un doctorat en anthropologie (2002).
Kierkegaard, penseur du langage
Kierkegaard est un penseur du langage. Dans ses Papirer, il note que derrière toute parole se tient un silence dont l’usage exprime un agir. Ce rappel d’une vieille vérité, au moins aussi vieille que Pythagore, a plongé Kierkegaard dans un problème nouveau. Expressions éthiques de l’intériorité. Éthique et distance dans la pensée de Kierkegaard (PUL, collection Inter-Sophie, 2008), de Dominic Desroches, expose la réflexion de Kierkegaard selon laquelle si la philosophie veut tout dire, elle oublie que l’essentiel ne se dit pas, ce qui ne veut pas dire qu’il ne s’exprime pas. Kierkegaard montre également que si le langage, par la distance qu’il pose, falsifie l’éthique, il peut aussi la restituer dans une «seconde éthique». Le Danois forge le problème qui animera toute l’éthique du 20e siècle. C’est cet enjeu, au centre des œuvres de Wittgenstein, de Gadamer et de Lévinas, qui consiste à cerner les limites du langage, qu’il analyse. Père du problème, Kierkegaard peut nous réapprendre quelque chose que notre modernité a tendance à refuser: en niant l’intériorité, en l’obligeant à vouloir dire ou en la séparant de l’autre, la pensée contemporaine a perdu la clef de l’éthique. Et cette clef réside en ceci: il faut d’abord accepter de se taire pour réentendre la parole qui s’exprime au fond de nous, en secret, et qui, seule, assure la genèse de la subjectivité dans sa quête de vérité. L'auteur de cet ouvrage, Dominic Desroches, a obtenu un doctorat en philosophie de l’Université de Montréal après un séjour d'études en Allemagne. Il a ensuite bénéficié d’une bourse de recherche postdoctorale en éthique et a mené ses recherches au Center for Etik og Ret à Copenhague, au Danemark. Il est l’auteur d’articles sur Hamann, Herder et Kierkegaard. Aujourd’hui, il enseigne la philosophie à Montréal et se spécialise dans la philosophie continentale du 19e siècle.
Ces adultes qui parlent d'enfance
Parler d’enfance est un retour; retour personnel du souvenir à la recherche du temps révolu et, pour le discours historique touchant l’Ancien Régime, retour vers des représentations du monde où l’enfance ne porte pas encore le rêve d’une innocence originelle aux infinies promesses. Les études rassemblées dans Histoires d’enfants. Représentations et discours de l’enfance sous l’Ancien Régime (PUL, Les Collections de la République des Lettres, 2008) ne prétendent pas donner la parole aux enfants de ces époques, dont seules les voix adultes nous parviennent. Hagiographes et biographes à l’affût de promesses annonciatrices, autobiographes et essayistes à la recherche de leur genèse, théologiens et pédagogues en quête d’une définition de l’humanité, médecins et polygraphes à la poursuite d’une classification des âges de la vie, les écrivains de l’enfance évoqués dans ces études réunies et éditées par Hélène Cazes inventent et réinventent sans cesse cette première période de la vie. Dans ces représentations sur les modes de la faiblesse ou de l’animalité, mais aussi de la Grâce et de la Rédemption, l’enfance inscrit ainsi, au cœur des discours et des récits, la silencieuse et mystérieuse origine de la personne. Ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Paris et agrégée de lettres, Hélène Cazes enseigne les littérature et culture françaises du Moyen Âge et de la Renaissance à l’Université de Victoria en Colombie-Britannique. Elle travaille depuis plusieurs années sur la question de la réception, dans tous ses états, notamment par des lectures et des adaptations de classiques. Dans ses dernières publications, notamment Henri Estienne, éditeur et écrivain (Brepols, 2003), elle définit la notion d’humanisme et ses enjeux au croisement de l’histoire des idées, de l’histoire du livre et de la littérature.
Guide sur la crise suicidaire
Le guide de Christian Lafleur, Monique Séguin intitulé Intervenir en situation de crise suicidaire (PUL, 2008), accompagné d’un DVD, illustre un entretien de crise suicidaire et permet de répondre aux objectifs de formation des intervenants actuels et futurs. Il sollicite leur compétence pour intervenir adéquatement en situation de crise suicidaire en donnant des explications claires et spécifiques. Le guide est composé de trois chapitres. Le premier présente la théorie de l’intervention et définit les caractéristiques liées à la crise et aux comportements suicidaires. Le deuxième chapitre décrit chaque étape de l’intervention. Le dernier traite de l’intervention qui a fait l’objet d’une mise en scène et d’une production vidéo. À la fin de chaque chapitre, des exercices et des réflexions permettent d'intégrer la démarche proposée. Le DVD illustre une intervention réalisée par un professionnel auprès d’une personne en crise suicidaire (de type psychopathologique). On y voit toutes les étapes du déroulement d’une entrevue, de l’accueil à la formulation d’un plan d’action. Christian Lafleur est titulaire d’une maîtrise en éducation spécialisée. Criminologue de formation, il a été intervenant en centre jeunesse pendant neuf ans dans des milieux. Il enseigne l’intervention en situation de crise aux étudiantes et aux étudiants inscrits au programme d’éducation spécialisée au Cégep de l’Outaouais. Monique Séguin est professeure au Département de psychologie de l’Université du Québec en Outaouais. Spécialiste du deuil et de la prévention du suicide, elle collabore au Groupe McGill d'études sur le suicide, en plus d’être associée au Centre de recherche Fernand-Seguin et au Centre hospitalier Pierre-Janet. Elle est aussi membre d’une expertise collective sur le suicide dirigée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale en France.
L'histoire des cégeps
À l’occasion du 40e anniversaire de la création des premiers cégeps, l’Association des cadres des collèges du Québec a voulu mettre à la disposition des personnes intéressées par le réseau collégial un ouvrage de référence sur ce modèle original d’établissement d’enseignement supérieur que sont les cégeps. Les cégeps: une grande aventure collective québécoise (PUL, 2e édition, 2008), publié sous la direction de Thérèse Hamel, Lucie Héon et Denis Savard, souhaite souligner le caractère distinctif et porteur d’avenir de cette institution. Le tout en relatant les débuts de l’aventure des cégeps, en jetant un regard sur leur constante évolution, en mettant l’accent sur quelques-unes de leurs multiples formes de rayonnement, et en laissant notamment la parole à des gestionnaires qui ont été, ou qui sont toujours, de fiers bâtisseurs de ces maisons d’enseignement typiquement québécoises. Thérèse Hamel est professeure au Département des fondements et pratiques en éducation de la Faculté des sciences de l’éducation de l'Université Laval et elle est membre du Centre interuniversitaire d'études québécoises (CIEQ). Lucie Héon et Denis Savard sont également professeurs au Département des fondements et pratiques en éducation de la Faculté des sciences de l’éducation de l'Université Laval.
Hommage à Jackie Pigeaud
Les amis de Jackie Pigeaud ont composé en son honneur un volume intitulé Une traversée des savoirs. Mélanges offerts à Jackie Pigeaud (PUL, Les Collections de la République des Lettres, 2008), sous la direction de Jean Dhombres, Yves Hersant, Philippe Heuzé, Philippe Mudry et Éric Van der Schueren. Comme en reflet de l’œuvre et de l’homme à qui ils ont voulu rendre hommage, les articles réunis traitent de poésie, de philosophie, de médecine, de peinture, de musique, de rhétorique et de philologie, sans omettre quelques pages plus personnelles. Ont contribué à l'ouvrage Pierre Aquilon, Jean-Paul Barbe, Brenno Boccadoro, Jean-Yves Boriaud, Jacques Boulicaut, Marie-Odile Boulnois, Nicolas Christidis, Patrick Dandrey, André Daviault, Jean Dhombres, Anne Fagot-Largeault, Françoise Graziani, Pascal Griener, Annie Gutmann, Yves Hersant, Philippe Heuzé, Louis Holtz, Philippe Junod, Madeleine Keller, Jean Laborderie, Yves Manéla, Pierre Maréchaux, Alain Michel, Bernard Mineo, Dominique Morel, Philippe Mudry, Robert Muller, Colette Nativel, Fritz Nies, Nuccio Ordine, Olivier Picard, Romain Pigeaud, Édouard Pommier, François Resche, Grégoire Robine, Anne Rolet, Amneris Roselli, Baldine Saint Girons, Jean Starobinski, Pierre Sullivan, Éric Van der Schueren, Christiane Veyrard-Cosme, Faith Wallis et Étienne Wolff. Éric Van der Schueren, fondateur du Cercle interuniversitaire d’étude sur la République des Lettres (CIERL), enseigne la littérature française d’Ancien Régime à l’Université Laval.
Regards sur la jeunesse brésilienne
Comment parvenir à présenter une population de jeunes dont le nombre de 15 à 24 ans approche les 35 millions? Comment faire ressortir les grandes tendances dans les modes de vie de ces jeunes qui vivent dans un pays dont la superficie est la cinquième du monde, lorsqu’une bonne partie d’entre eux se concentre dans des mégalopoles parmi aussi les plus grandes du monde et que d’autres sont dispersés sur un immense territoire par ailleurs peu habité? Regard sur... les jeunes du Brésil (PUL, collection Regards sur la jeunesse du monde, 2008), publié sous la direction de Nair Teles et Wanda Espirito Santo, veut rendre compte de la diversité de cette jeune population brésilienne, dans des textes qui présentent la manière dont se fait la transition vers la vie adulte. Ces concentrations de jeunes, dont une partie vit dans la pauvreté, ne sont pas sans intérêt pour les chercheurs, notamment par l’association souvent faite entre pauvreté et délinquance, ce que certains s’empressent de démystifier, d’autres de l’attribuer à la faiblesse des politiques la concernant ou à une complicité trop évidente entre l’économie formelle et l’économie informelle. Les articles qui composent ce livre abordent différents thèmes; ils multiplient les regards sur la jeunesse brésilienne. L'ouvrage a été produit avec la collaboration de Estela Maria Leão Aquino, Lindomar Wessler Boneti, Michel Bozon, Ana Karina Brenner, Cristiane S. Cabral, Paulo Cesar Rodrigues Carrano, Lucia Rabello Castro, Sílvio Marcus de Souza Correa, Juarez Tarcísio Dayrell, Wanda Espirito Santo, Fernando Manuel Bessa Fernandes, Claudia Fonseca, Rafael Freitas, Madeleine Gauthier, Maria Luiza Heilborn, Daniela Riva Knauth, Marcelo Rasga Moreira, Irene Rizzini, Fabíola Rohden, Vanda Aparecida Silva, Dario de Souza e Silva Filho, Luiz Fernando Mazzei Sucena et Nair Teles.
Les sciences humaines influencées par Paul Ricœur
Paul Ricœur (1913-2005) a renouvelé de multiples manières le dialogue entre la philosophie et les sciences humaines sur une période de plus d’un demi-siècle. Au cœur de son entreprise intellectuelle se trouve le concept de compréhension avec sa double valence ontologique, ce que la compréhension dit de la condition humaine, et épistémologique, c'est-à-dire ce qu’elle dit des conditions de la connaissance. Ricœur développe un modèle mixte – une herméneutique critique – en venant aussi retravailler une seule et même grande idée au cours de son œuvre, celle du cogito. Quelle est la place de l’intersubjectivité dans la constitution de ce cogito? Comment celui-ci se tient-il, s’édifie-t-il et se transmet-il dans son rapport à la culture? Une réflexion sur l’histoire et la pratique historienne en est-elle alors inséparable? C’est à ces questions qui touchent toutes au destin à la fois présent et futur des sciences humaines que tente de répondre l'ouvrage de Jonathan Roberge Paul Ricœur, la culture et les sciences humaines (PUL, collection Sociologie contemporaine, 2008). Docteur en sociologie, Jonathan Roberge est chargé de cours au Département de sociologie et d’anthropologie de l’Université d’Ottawa. Ses principaux champs de recherche relèvent de la théorie sociologique contemporaine et s’intéressent aux questions de la culture, de l’éthique et du politique. Il entreprendra sous peu des études postdoctorales au Center for Cultural Sociology de l’Université Yale, aux États-Unis.