Ils ont ainsi découvert que le risque de prendre au moins 5 kg pendant cette période était plus grand chez les gens qui dorment moins de six heures (35 % plus élevé) ou plus de neuf heures (25 % plus élevé) que chez ceux qui dorment entre sept et huit heures par nuit. Le risque de devenir obèse va dans le même sens. Il augmente respectivement de 27 % et de 21 % chez ceux qui ont des nuits plus courtes ou plus longues que la moyenne. Ces risques subsistent même en tenant compte des habitudes de vie et du profil socioéconomique des sujets.
Selon les chercheurs, ces observations s’expliqueraient par le lien qui existe entre la durée de la nuit de sommeil et la dynamique de deux hormones, la ghreline et la leptine, qui ont des effets opposés sur l’appétit. Le manque de sommeil provoquerait une diminution de la concentration de leptine, une hormone qui stimule le métabolisme et diminue la faim. D'autre part, la concentration de ghreline, une hormone qui stimule l'appétit, augmenterait lorsque les nuits sont courtes. «Une nuit de sommeil de sept à huit heures est souhaitable afin de faciliter la régulation du bilan énergétique», résume Jean-Philippe Chaput.
Au cours des dernières décennies, la prévalence du surpoids a augmenté à mesure que la durée des nuits de sommeil raccourcissait, observe le chercheur. «En 1960, 7 % de la population américaine dormait moins de sept heures par nuit. En 2001, ce chiffre dépassait 16 %. Chez les enfants, la durée du sommeil est le principal facteur de risque de surpoids.» Malheureusement, le nombre d’heures que nous dormons échappe en bonne partie au contrôle de la volonté. Le stress, les obligations et les choix de vie font en sorte qu’il ne suffit pas de souhaiter avoir des nuits de sommeil normales pour que le rêve se réalise.