
Isabelle Clermont et son carnet déplié.
— Marc Robitaille
Le texte imprimé tient d’ailleurs une grande place dans quelques œuvres exposées. Avec sa boîte bibliographique, Olivier Desjardins s’est amusé à décliner les différents sens possibles du mot support. Il a imprimé sur du carton un texte d’art conceptuel, source possible d’une recherche universitaire. Découpé en forme de boîte qu’on peut ensuite replier, ce support trouve naturellement sa place sur une barre recueillant habituellement des vêtements. Le long carnet déplié en accordéon d’Isabelle Clermont affiché sur le mur d’en face invite également à la lecture. Dans son cas, l’inspiration vient d’une fiche représentant une carte de la France et d’un bout de phrase, «1 200 000 pas plus tard». «Depuis plusieurs années, je tente de rapprocher mes deux passions, la vie sportive et la vie d’artiste, indique cette adepte de la marche rapide qui a maintenant renoncé à la compétition. L’été dernier, j’ai fait le chemin vers Saint-Jacques-de-Compostelle et j'ai laissé les pensées et les dessins surgir en marchant, puisque souvent je ne m’arrêtais pas pour écrire ou dessiner.» Le résultat se lit comme un roman. L’artiste traduit parfois la douleur provoquée par la marche sous forme d'un graphique rouge tandis que sur la page d’en face l’angle tordu d’une maison espagnole fait écho à ses torsions corporelles.
Une autre des lignes directives de cette exposition collective autour de l’artisanat, c’est le clin d’œil aux objets récupérés. Pascale Bonenfant, par exemple, construit un univers en miniature autour d’un des piliers de la salle. À l’aide du rouge et vert de sa fiche, elle a choisi quelques éléments dans sa riche collection de petits objets trouvés pour créer des ensembles inusités. Un dé à coudre vient coiffer un petit cône en bois, un capuchon de stylo voisine avec une boucle d’oreille. «Selon moi, cela donne un nouveau sens à ces objets insignifiants, raconte cette ancienne graphiste. En les associant, ils finissent par prendre une nouvelle signification.» Son voisin d’exposition collectionne aussi les rebuts dont personne ne veut. Charles Fleury a d’ailleurs construit une drôle d’installation autour d’un tuyau de métal en croix à partir d’un inventaire hautement hétéroclite. Cet amas de pièces détachées, de mécanismes dépareillés, de bouts de plastique traduit à ses yeux notre trop-plein de consommation. «Aujourd’hui, quand on est malheureux, on ne va plus à l’église, mais s’acheter un jean, constate-t-il un brin philosophe. En ces temps de perte du sacré, l’objet devient un totem.»
L'exposition se tiendra jusqu'au 23 mars, à la Galerie des arts visuels, située au 255, boulevard Charest Est, dans l'édifice La Fabrique. La Galerie est ouverte du mercredi au vendredi de 11 h 30 à 16 h 30 et les samedis et dimanches de 13 h à 17 h.