
Les sondages ont révélé que quatre millions de mètres cubes d'eau se sont accumulés dans les couloirs de l'ancienne mine de Murdochville. Selon les calculs de Jasmin Raymond, le potentiel énergétique emmagasiné dans cette eau équivaut à 12 000 barils de mazout.
Invité à présenter les détails de ce projet lors d’une conférence de presse qui réunissait les dirigeants de la ville, des responsables du développement économique de la Gaspésie et la ministre des Affaires municipales et des Régions, Nathalie Normandeau, Jasmin Raymond a expliqué comment lui était venue l’idée de récupérer l’énergie thermique qui dort dans les entrailles de l’ancienne mine de cuivre, fermée en 1999, pour chauffer des bâtiments. «Ce n’est pas du pétrole, mais la chaleur de la Terre est une source d’énergie fiable, renouvelable et continue, qui ne produit pas de gaz à effet de serre», fait valoir ce spécialiste de la géothermie.
En 2004, après avoir travaillé pendant une année pour une entreprise qui utilisait la chaleur des volcans pour produire de l’électricité au Salvador, Jasmin Raymond rentre au Québec et apprend que les responsables de Murdochville veulent relancer l’économie de leur ville en misant sur les énergies renouvelables. Il les contacte, visite les installations minières abandonnées et entreprend un projet de maîtrise avec le professeur René Therrien afin de déterminer le potentiel géothermique du site. Ses recherches ont révélé que 4 millions de mètres cubes d’eau se sont accumulés dans les couloirs de l’ancienne mine et que sa température est, en moyenne, à près de 7 oC à longueur d’année. Même si elle paraît glaciale au toucher, elle renferme de l’énergie qui peut être extraite à l’aide de pompes à chaleur. Selon les calculs de l’étudiant, le potentiel énergétique emmagasiné dans cette eau équivaut à 12 000 barils de mazout. Une fois extraite, cette énergie se renouvelle naturellement si l’eau est retournée dans le sol.
Un système géothermique branché sur ce puits pourrait générer une puissance maximale de 735 kilowatts, ce qui permettrait de chauffer des locaux couvrant 14 000 mètres carrés de superficie. À titre comparatif, cette surface équivaut à celle du pavillon Félix-Antoine-Savard, l’une des deux tours du campus. Le plus important: la facture de chauffage serait environ trois fois plus faible qu’avec un système au mazout, un avantage non négligeable pour les entreprises qui souhaiteraient s’établir dans le parc industriel de Murdochville.
Jasmin Raymond ne cache pas sa fierté de voir son mémoire de maîtrise, déposé en septembre 2006, être si rapidement mis en application. «En général, il faut beaucoup plus de temps pour faire passer des conclusions scientifiques de la théorie à la pratique», souligne-t-il. Son intérêt pour la géothermie ne se dément pas, puisqu’il y consacre ses travaux de doctorat. Une partie de ses recherches, réalisée à l’aide de données provenant de Murdochville, porte sur l’amélioration des modèles numériques de transfert de chaleur souterrain. «Ce genre d’outils peut servir à optimiser les performances des systèmes de chauffage géothermique», précise-t-il. L’autre partie de son doctorat porte sur le potentiel géothermique du roc situé sous des montagnes de résidus miniers. Ce filon énergétique pourrait s’avérer de plus en plus intéressant à mesure qu’augmenteront les coûts des sources conventionnelles de chauffage, prédit-il.