Tel est le constat qu’a fait Pauline Côté, directrice du Département de science politique, lors d’une conférence qui a eu lieu le 12 novembre au pavillon Alphonse-Desjardins ayant pour titre «Les accommodements raisonnables: du bon usage de la consultation publique?» Selon Pauline Côté, le document de consultation présente certains glissements, dont celui de traiter ensemble des questions complexes comme la religion et l’immigration ou d’opposer l’égalité des hommes et des femmes avec l’immigration et la religion. Les commissaires présentent également les différences culturelles comme des différences ethnoculturelles, ce qui a pour effet d’opposer une culture majoritaire à des cultures minoritaires au sein du Québec. D’entrée de jeu, les individus nagent dans la confusion. Sans compter que ces glissements ont des conséquences majeures, explique Pauline Côté. «On règle la question religieuse sur le dos de l’immigration, dit-elle. Ensuite, on règle la question de l’immigration — posée en termes de difficultés d’intégration – sur le dos de la religion. Enfin, on place les religions et les nouveaux arrivants dans une dynamique de confrontation avec le milieu, alors qu’il faudrait plutôt les mettre en situation de négocier symboliquement et pratiquement leur place.»
Un mandat trop large
Considérant le mandat donné par le gouvernement aux commissaires Bouchard et Taylor comme beaucoup trop large, Pauline Côté estime par ailleurs que la consultation publique aurait dû venir après que divers experts se soient prononcés sur la question des pratiques d’accommodements, avec la mise sur pied d’une commission parlementaire, par exemple. «Avant de déranger le monde, il faut faire ses devoirs, souligne la politologue. Lorsque viendra le temps de rédiger leur rapport, les commissaires devront anticiper de difficiles questions. Parmi celles-ci: qu’est-ce qui justifierait de passer d’un régime performant et apprécié de l’égalité citoyenne et de lutte contre les discriminations à un régime de majorité nationale et de minorités culturelles? Est-il juste et équitable d’opposer a priori la défense des valeurs fondamentales d’égalité homme femme aux soi-disant valeurs des religions et de cultures minoritaires?»