Au fond, pour l’auteure du Journalisme radiophonique, la radio a toutes les apparences d’un phénix renaissant toujours de ses cendres. Les observateurs ont beau la condamner à mort depuis ses débuts, elle «a toujours su intégrer les nouvelles technologies à son profit,» écrit Dominique Payette. Interrogée sur l’état du marché alors que plusieurs salles des nouvelles ont réduit leurs effectifs ces dernières années, la professeure se montre optimiste. «Les médias alternatifs se développent beaucoup, souligne-t-elle, et l’on dispose d’un formidable réseau de radios communautaires. J’ai l’impression, par ailleurs, que les propos entendus à la radio sont moins épouvantables qu’il y a quelques années, et que les auditeurs recherchent de nouvelles formes d’information. La radio par Internet se développe beaucoup aussi.» Joignant le geste à la parole, elle clique d’ailleurs sur un de ses sites préférés, mis sur pied par Richard Vaillancourt du Service de l’informatique et des télécommunications de l’Université Laval. À portée de souris, une bonne partie de l’offre radiophonique québécoise disponible sur la Toile, donc accessible partout dans le monde. Autre avancée technologique d’importance selon la professeure, le fait d’avoir accès à des archives sonores. Sa série radiophonique À toi l’Afrique peut facilement être consultée, avec en prime le carnet de voyage et les photos autour de ce long reportage.
Le livre tout juste publié permet également aux néophytes de découvrir les différents artisans qui contribuent à la production radiophonique, de pénétrer dans l’intimité de la salle des nouvelles. Derrière l’animateur ou le journaliste que l’auditeur identifie facilement se trouvent bien souvent une équipe de recherchistes, un réalisateur, des techniciens et des adjoints qui facilitent la production, alors que dans d’autres circonstances le journaliste travaille seul et assume toutes les casquettes. Depuis quelques années, les délais de production raccourcissent également avec l’arrivée de l’information continue et le progrès technologique. Plusieurs chapitres du livre sont d’ailleurs consacrés à l’enregistrement audio et au montage assisté par ordinateur. La professeure met l’accent par ailleurs sur la maîtrise des règles de base concernant l’interview, et l’écriture particulière à ce média. Le journalisme radiophonique détaille clairement les formes actives à privilégier, la nécessité de s’effacer derrière les événements en oubliant les épithètes mais aussi l’importance de la structure dramatique. C’est souvent l’amorce qui donne le ton de la nouvelle et rive l’auditeur à son poste. «Quand on sait écrire de cette façon, on peut l’appliquer à d’autres professions, indique Dominique Payette. Beaucoup des étudiants que j’ai formés au certificat de journalisme de l’Université de Montréal, ou ici au Département d’information et de communication, travaillent pour Radio-Canada ou LCN, mais également pour de nouveaux médias». Pas de doute, la relève est là; la radio a encore de beaux jours devant elle.