Pour étancher sa soif historique, Aline Piché a consulté les archives de la Ville de Québec afin de trouver les journaux d’époque et les événements marquants du quartier. Elle a ainsi appris qu’après la fermeture des tanneries, les ouvriers s’étaient tournés vers les usines manufacturières, qu’un grand feu avait ravagé Saint-Roch vers 1920. Une fois ces nouvelles connaissances assimilées, la jeune fille s'est plongée à nouveau dans les journaux sauvés du conteneur à déchets lors de la rénovation de l’appartement. Les publicités vantant les mérites d’un élixir miracle et les gravures dessinées à la main ont surtout retenu son attention, ainsi que certains titres. Une fois les images sélectionnées, elle les a ensuite transférées sur les supports de toile récupérés lors de la rénovation des murs de l’appartement. Partie prenante désormais d’une installation, ce matériau a toutes les allures d’un témoin venu nous chuchoter à l’oreille la vie dans un coin de la ville il y a presque un siècle.
À quelques pas de là, l’exposition x (peinture) de Louis-Pier Dupuis-Kingsbury joue aussi sur le rapport entre la toile et les images. Étudiant à la maîtrise en arts visuels, il présente des ensembles de tableaux, où la peinture, appliquée selon différentes méthodes, prend un nouveau relief. «C’est de l’exploration, explique-t-il. Je laisse la peinture couler du pinceau sur plusieurs toiles en variant les différents angles. La fonctionnalité dans la simplicité m’a toujours fasciné.» Inspiré par de grands maîtres comme Paul Klee ou Marc Rothko, un expressionniste abstrait américain, le jeune homme aime à penser que le hasard joue un rôle non négligeable dans la naissance de ses œuvres. Il songe aussi au spectateur qui laisse son imagination s’envoler en regardant les coulées de peinture traversant le tableau. Peindre devient dans ces conditions un acte de création conjoint.
La Salle d’exposition du pavillon Alphonse-Desjardins est accessible du lundi au vendredi de 9 h à 17 h.