Le tube neural est l’ébauche du système nerveux chez l’embryon. Son mauvais développement – parfois attribuable à une carence en acide folique - entraîne des problèmes de santé comme le spina bifida et l'anencéphalie qui causent des handicaps physiques et intellectuels importants et même la mort de l'enfant. Chaque année, environ 200 000 cas de spina-bifida et d'anencéphalie surviennent à travers le monde.
Les chercheurs ont comparé l'incidence des malformations du tube neural avant et après l'entrée en vigueur de la mesure d'enrichissement de la farine en acide folique au Canada. Entre 1993 et 1997, cette incidence atteignait 1,58 cas par 1000 naissances. Pour la période 2000 à 2002, elle se situait à 0,86, soit une baisse de 46 %. Les améliorations les plus importantes sont survenues dans les régions du Canada qui affichaient les taux les plus élevés de malformations du tube neural avant 1998, soit Terre-Neuve, l’Ile-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse et le Québec.
L'acide folique provient des folates contenus dans les légumes verts, les fruits, les grains entiers et la viande. Un régime alimentaire équilibré ne procure pas suffisamment d'acide folique pour répondre aux besoins d'une femme enceinte et de l'enfant qu'elle porte, souligne le professeur De Wals. Les autorités médicales canadiennes recommandaient déjà aux femmes en âge d'avoir des enfants de consommer des suppléments vitaminiques contenant de l'acide folique.
Si le Canada a décidé d'ajouter de l'acide folique à la farine consommée au pays, c'est que la formation du tube neural de l'embryon est particulièrement intense dans les quatre premières semaines de grossesse, soit bien souvent avant que les femmes sachent qu'elles portent un enfant. Comme la moitié des grossesses canadiennes sont non planifiées et que l'organisme ne stocke pas l'acide folique, il était plus prudent d'intégrer l'acide folique à la chaîne alimentaire plutôt que de miser uniquement sur la prise de suppléments vitaminiques, souligne le professeur De Wals.
Le Canada, le Chili et les États-Unis sont les seuls pays qui ont adopté des mesures obligeant l’ajout d’acide folique à la farine. À la lumière des résultats publiés par l’équipe du professeur De Wals, d’autres pays pourraient leur emboîter le pas.