Afin d’établir le risque de malnutrition, les chercheuses ont interrogé 132 résidents lucides au sujet de leurs habitudes alimentaires et elles ont recueilli des données sur leur état de santé en consultant leur dossier médical. Grâce à ces informations, elles ont établi que 37 % des répondants présentaient un risque de malnutrition et que l’ampleur de ce risque dépendait de certaines caractéristiques du service alimentaire de leur établissement.
Évidemment, l’insatisfaction générale à l’égard des aliments figure parmi les caractéristiques qui favorisent la malnutrition. Mais il y a plus. Les emballages, couvercles et contenants difficiles à manipuler augmentent aussi ce risque, tout comme les cycles de menus trop courts. «Lorsque les mêmes repas reviennent souvent, l’alimentation est moins variée», commente la professeure West. À l’opposé, l’utilisation de vaisselle de porcelaine plutôt que de plastique réduit le risque de malnutrition. «C’est plus raffiné, c’est plus “comme à la maison”, explique la chercheuse. Les résidents ont moins l’impression d’être dans une cafétéria ou à l’hôpital.»
«Nos résultats montrent clairement que les centres d'hébergement doivent modifier certains aspects du service alimentaire qui peuvent accroître le risque de malnutrition chez les résidents qui ne présentent pas de problèmes cognitifs», concluent les trois chercheuses. Quant à savoir si ces résultats sont transposables au Québec, Gale West se montre prudente. «Au Nouveau-Brunswick, chaque centre d’hébergement a une nutritionniste attitrée, ce qui n’est pas le cas au Québec. En théorie, ça devrait permettre un meilleur suivi des résidents, mais ça ne signifie pas forcément que la situation est pire ici. Le pourcentage de résidents à risque de malnutrition est peut-être différent au Québec, mais les solutions sont les mêmes.»