
Jésus Jérôme Lacroix aide Sharissa Mallory Dumont-Cheezo, de Lac-Simon, à préparer son matériel avant de réaliser l’expérience.
— Louise Leblanc
Les élèves qui vivent dans les réserves n’ont malheureusement pas accès à ce type d’examen chez eux. La plupart des écoles secondaires qui se situent dans les communautés autochtones anglophones et francophones ne possèdent pas le personnel nécessaire pour assurer l’enseignement de la chimie en cinquième secondaire, même si certains établissements abritent des laboratoires scientifiques. Le problème, c’est que les écoles ne peuvent compter sur les services à temps partiel d’un technicien en laboratoire en mesure de préparer les expériences et de nettoyer par la suite.
Voilà pourquoi le Département de chimie, avec l’aide bénévole d’une de ses techniciennes en travaux d’enseignement et de recherche, Maryline Marois, donne accès à ses laboratoires depuis sept ans aux candidats à l’examen final. Les élèves qu’elle reçoit utilisent souvent pour la première fois des cylindres gradués, des fioles jaugées ou un ballon servant à mesurer très précisément les quantités nécessaires de liquide. «Je prépare les expériences au préalable pour que les élèves possèdent tout le matériel nécessaire, précise la technicienne. C’est une cause qui me tient à cœur, car j’ai envie qu’ils puissent avoir accès à une belle carrière par la suite.» Cette année, cette dernière a trouvé le groupe très autonome, et particulièrement appliqué dans le nettoyage des instruments une fois les manipulations effectuées.
Le conseiller à la réussite scolaire du Conseil en éducation des Premières Nations (CEPN), Jérôme Jésus Lacroix, est conscient des contraintes particulières des élèves qu’il encadre tout au long de l’année et qu’il évalue en mai, à l’Université Laval. Il s’adapte donc à leur réalité. Cet ancien professeur de sciences a mis sur pied un cours à distance en chimie, afin de permettre au plus d’élèves possible d’obtenir leur diplôme de cinquième secondaire. «Le programme vise à développer leur esprit scientifique en les rendant les plus autonomes possible, souligne Jésus Jérôme Lacroix. Comme ces élèves n’ont pas accès à des produits comme l’acide chlorhydrique ou autre, je bâtis mes expériences avec des œufs, du sel, du bicarbonate de soude ou… de l’huile de clou de girofle. Une façon d’illustrer la réfraction optique grâce à un produit à forte densité qui fait dévier les rayons lumineux.»
Avant leur examen final, ces élèves expérimentent donc pour la plupart la chimie dans leur cuisine familiale où ils découvrent, par exemple, les réactions de coagulation des œufs. Un responsable de l’école dans la communauté s’assure du suivi des travaux et de la présence des jeunes aux cours préenregistrés fournis par le conseiller pédagogique. Depuis que Jésus Jérôme Lacroix a constaté que la présence de nuages nuisait aux liaisons Internet par satellite dans certaines régions, il évite les cours en direct!

Dès l’an prochain, Debby Ottawa devra quitter sa communauté atikamekw de Manawan, dans Lanaudière, pour rentrer au cégep.
Photo : Louise Leblanc

Graham Moar, de Manawan, a dû suivre en même temps son cours de sciences de 4e secondaire et de chimie de 5e secondaire, car il voulait absolument aller au cégep en août.
Photo : Louise Leblanc