Ce témoignage provient de Shukurani Olivier Vita, un élève de l'école secondaire Vanier. Des histoires comme celle-ci, il y en a des tonnes depuis que Béatrice Turcotte Ouellet y a lancé le programme Le diplôme avant la médaille, en 2012. Le principe est simple: pour participer aux matchs de basketball, les athlètes de l'établissement doivent réussir leurs cours. Un échec représente moins de temps de jeu. Ils doivent alors assister aux périodes de récupération et démontrer, preuve de leur professeur à l'appui, qu'ils ont fait les efforts nécessaires.
L'idée est bonne et surtout, elle fonctionne. «Dans la dernière année, 83% des joueurs qui avaient un échec dans leur premier bulletin ont réussi cette matière dans leur deuxième bulletin», se réjouit Béatrice Turcotte Ouellet. L'étudiante au baccalauréat en service social a créé ce programme alors qu'elle était entraîneuse-chef de l'équipe de basketball féminin. À l'époque, l'école affichait un taux de décrochage de 60%. Inspirée par le film américain Coach Carter, elle a voulu utiliser le sport comme levier éducatif. En collaboration avec la directrice de l'école, les professeurs et les parents, elle a mis en place une structure de soutien. Un groupe de bénévoles, composé majoritairement d'étudiants et d'enseignants retraités, a été formé pour offrir de l'aide aux devoirs.
Bien vite, le projet a été élargi aux autres équipes des cinq niveaux du secondaire. Il réunit aujourd'hui près de 50 joueurs, motivés autant sur les bancs d'école que dans le gymnase. «Au début, le programme ne plaisait pas à tout le monde, mais il a finalement eu un effet sur chacun. Les participants ont réalisé que le fait d'étudier et de faire leurs devoirs leur permettra d'être mieux outillés dans la vie. Les qualités qu'ils développent les aideront à se trouver un boulot plus tard», croit Shukurani Olivier Vita.
Chaque année, Béatrice Turcotte Ouellet est heureuse d'apprendre que ses protégés obtiennent leur diplôme. «Les joueurs, ce sont comme mes petits frères et mes petites soeurs adoptifs! Ils font partie de ma famille. Je sentais que je devais faire quelque chose pour les aider, mais jamais je n'aurais pensé que cela irait aussi loin!», admet-elle.
Son initiative a été reconnue plusieurs fois, notamment par le Programme de bourses de leadership et développement durable, le gala Forces AVENIR et le Défi OSEntreprendre. Portée par ce succès, elle vient de créer un organisme à but non lucratif afin de former des entraîneurs dans d'autres écoles. Son but est d'adapter le programme à différentes disciplines sportives, au primaire comme au secondaire.
Inscrite au profil entrepreneurial, elle est encadrée dans sa démarche par Entrepreneuriat Laval. «Béatrice est une étudiante extraordinaire, qui s'investit dans un projet rattachant sa passion du sport à son désir d'aider les autres. Contrairement à d'autres initiatives de type sport-études axées sur la performance, son programme vise à outiller des jeunes vivant des difficultés scolaires. Sa démarche est simple, concrète et elle donne des résultats convaincants», affirme le conseiller Pierre-Alexandre Morneau-Caron, la tête remplie d'idées pour propulser son projet. Le diplôme avant la médaille, hors de tout doute, fera des petits.