
Septembre 2019. La Faculté de médecine de l’Université Laval a souligné le cheminement et la réussite d’étudiantes et d’étudiants membres des Premières Nations au Québec.
— Jean-François Rivard
Le 3 décembre dernier, quelques centaines d’acteurs universitaires et gouvernementaux du Québec, du Canada et de quelques autres pays, ont participé au premier webinaire de sensibilisation et de mobilisation du Forum national sur la réconciliation 2021.
Ce Forum, le sixième du genre, a pour thème «S’engager dans les pas des étudiants des Premiers Peuples». Il se tiendra à Québec du 21 au 23 septembre prochain. Il est organisé conjointement par l’Université Laval et l’Université du Québec, avec la collaboration de partenaires des Premiers Peuples. Soutenu par Universités Canada, le Forum s’inscrit dans la suite des travaux de la Commission de la vérité et de la réconciliation du Canada. Cette commission, dont le rapport final a paru en 2015, considère l’éducation comme une des clefs pour faire progresser la réconciliation entre autochtones et allochtones. Ces dernières années, dans la foulée du rapport, les universités anglophones Concordia et McGill, à Montréal, ont ouvert chacune une First Peoples’ House. Dans l’Ouest du Canada, la ville de Winnipeg, où vivent plus de 100 000 autochtones, a pour sa part ouvert la First Nations University of Canada.
Le webinaire était le premier de cinq qui auront lieu d’ici le 3 juin. Il visait à sensibiliser aux enjeux vécus par les étudiants autochtones et aussi, à présenter des leviers et des initiatives possibles pour faire progresser le processus de réconciliation avec les Premiers Peuples. Les échanges ont porté d’abord sur l’expérience et la vision de onze ambassadeurs, étudiants et diplômés, provenant de chacune des nations autochtones au Québec. Ils ont relaté les préjugés et les difficultés auxquels ils se sont heurtés. Ils ont aussi proposé différentes solutions pour que les universités et les instances du monde de l'éducation puissent poursuivre le processus de réconciliation.
«Plusieurs participants ont été touchés et réceptifs aux messages livrés par les ambassadeurs», souligne Michèle Audette, adjointe au vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes de l’Université Laval et conseillère principale à la réconciliation et à l'éducation autochtone. «Un des aspects abordés était la connaissance du français, poursuit-elle. Au Québec, 75% des peuples premiers parlent leur langue. L’apprentissage du français vient plus tard. L’usage de l’anglais, comme deuxième langue, est fréquent chez les Naskapis.»
Globalement, le webinaire a permis de mieux comprendre les réalités culturelles et historiques des peuples autochtones en matière d'éducation.
«Cette rencontre préparatoire avait pour objectif de nourrir la réflexion des participants en provenance du milieu de l’enseignement, de communautés autochtones et des gouvernements», indique Michèle Audette. Dans son message d’introduction, celle-ci a expliqué que les étudiantes et les étudiants autochtones doivent surmonter de nombreux obstacles dans la voie de la réussite scolaire et pour accéder à l’université. «Il importe, a-t-elle ajouté, de reconnaître les barrières systémiques qui se dressent devant eux et d’adopter des mesures concrètes pour soutenir leur réussite .»
Michèle Audette a rappelé que l’éducation, pour les Autochtones, «ce n’est pas évident». «C’est une relation qui fait peur, avec beaucoup de méfiance, de crainte et d’incertitude, a-t-elle poursuivi. J’aurai 50 ans en 2021. Les générations qui ont précédé la mienne ont vécu des traumatismes après avoir été placés de force dans des écoles résidentielles. Des membres de ces générations sont toujours vivants et peuvent témoigner de ce qu’ils ont subi dans ces pensionnats qui n’existent plus. Aujourd’hui, les jeunes Autochtones qui veulent étudier au cégep ou à l’université font face à d’autres obstacles: le déracinement, l’éloignement, l’isolement, le racisme. Ces obstacles constituent autant de freins à leur cheminement scolaire.»
L’Université Laval, bien présente
Dix-sept personnalités composent le comité de gouvernance du Forum. Trois d’entre elles proviennent de l’Université Laval. Ce sont Michèle Audette, Brigitte Bigué, directrice de projets à l’Institut nordique du Québec, et Thierry Rodon, professeur au Département de science politique. Une quatrième personne de l’Université Laval fait partie du comité de programmation. Il s’agit d’Annie Pilote, vice-doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation.
Le 1er décembre, le Conseil universitaire de l’Université Laval a reçu un document capital visant à consolider les activités de l’Université relatives aux peuples autochtones. Il s’intitule L’Université Laval en action avec les Premiers Peuples. L’Université Laval accueille chaque année près de 400 étudiantes et étudiants issus des Premiers Peuples, ce qui la place au premier rang parmi les universités francophones à ce chapitre. L’Université jouit d’une longue tradition de recherche en collaboration avec les peuples autochtones du Québec. La stratégie en matière de réconciliation comprend les volets suivants: création d’un Cercle des Premiers Peuples, développement de partenariats avec les Autochtones, mise en place d’une stratégie de communication efficace. D’autres touchent les programmes universitaires en matière de formation, la recherche et la gouvernance. Les activités de recherche se feront pour, sur et avec les Autochtones. De nouvelles chaires de recherche et de nouvelles chaires de leadership en enseignement seront créées. Des projets de recherche collaborative et de recherche-action verront le jour.
Le deuxième webinaire de sensibilisation et de mobilisation aura lieu le 4 février sur le thème «Accessibilité aux études supérieures pour les étudiants des Premiers Peuples».
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