Ce projet, qui a reçu un financement de 7,5 millions$ des Fonds de recherche du Québec (FRQ) pour cinq ans, réunit près de 160 chercheurs issus de divers établissements universitaires et collégiaux. L'objectif? «Contribuer à façonner une société capable de maximiser les impacts positifs et de minimiser les effets négatifs des technologies de l'information sur les personnes, les organisations et les collectivités. Avec la Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l'intelligence artificielle, une vaste réflexion a été entreprise pour mettre en place des balises pour mieux encadrer l'intelligence artificielle et le numérique. Ce texte servira de guide pour alimenter nos réflexions et nos recherches», explique Lyse Langlois, directrice de l'OIISIAN et de l'Institut d'éthique appliquée.
L'Observatoire sera piloté pour les cinq prochaines années par l'Université Laval. Par la suite, un modèle de gestion par alternance sera suivi avec les autres établissements partenaires. L'Université de Montréal, l'École nationale d'administration publique, HEC Montréal, l'Université McGill, Polytechnique Montréal, l'Université de Sherbrooke, le Cégep de Sainte-Foy et le Cégep de Saint-Hyacinthe, entre autres, prêtent leur concours à cette grande initiative. L'OIISIAN compte aussi des partenaires à l'étranger, dont l'Université Côte d'Azur, en France.
Avec la collaboration d'entreprises et d'organismes publics, l'intelligence artificielle sera analysée sous le prisme de nombreuses disciplines, dont la philosophie, la santé, les sciences sociales, le droit, l'économie et l'éducation. «Notre mission peut se résumer ainsi: mieux comprendre ce qu'est l'intelligence artificielle afin de mieux informer. Nous voulons aider la population à avoir un jugement éclairé sur le numérique. Un autre aspect important de la mission est d'accompagner les décideurs dans le but d'améliorer les politiques publiques», dit François Laviolette, directeur scientifique du Centre de recherche en données massives, l'un des partenaires de l'OIISIAN.
Entre autres enjeux, les chercheurs s'intéresseront à la question de la protection des données personnelles. Ils s'attaqueront aussi aux défis liés à l'automatisation des emplois. «Plusieurs études prévoient des pertes d'emploi massives avec l'avènement de la robotisation, mais, si on se base sur tous les développements technologiques passés, il y aura certainement de la transformation et de la création de nouveaux emplois. En travaillant de concert avec les acteurs de l'industrie, les syndicats, les organisations et les gouvernements, l'Observatoire pourra mieux comprendre les impacts négatifs, proposer des solutions et influencer les politiques publiques», affirme Lyse Langlois.
La création de l'OIISIAN s'inscrit dans le cadre d'une grande initiative du gouvernement du Québec visant à créer un pôle mondial dans le domaine de l'intelligence artificielle. En mai dernier, les FRQ avaient lancé un appel de propositions parmi la communauté scientifique. «Pour nous, c'est une très bonne nouvelle que la candidature de l'Université Laval ait été retenue. Il faut dire que nous avions déjà des forces vives dans ce secteur. Même si la mobilisation pour l'Observatoire est très récente, la réflexion sur l'importance de l'intelligence artificielle était déjà en cours à l'Université Laval», rappelle François Laviolette.
L'annonce du financement des FRQ a eu lieu à l'occasion d'un forum de discussions, «Faire face à l'intelligence artificielle», qui s'est tenu lundi au Centre Sheraton Montréal.