Entre 2001 et 2003, les chercheurs ont rencontré 379 patients dans des unités de soins palliatifs pour cancéreux afin de sonder leur opinion sur l'euthanasie et le suicide assisté par un médecin. Les principales raisons qui conduiraient les répondants à demander une aide médicale pour mettre fin à leurs jours sont la souffrance, la futilité de prolonger la fin de leur vie et le sentiment d'être un fardeau pour leurs proches. Parmi les facteurs associés à une opinion favorable envers l'euthanasie se retrouvent une faible religiosité, des capacités fortement amoindries par la maladie, un diagnostic de dépression et une détresse élevée. Vingt-trois jours après la première rencontre, les chercheurs ont interrogé une deuxième fois 17 des 22 participants qui auraient demandé l'euthanasie si la chose avait été légale. Du nombre, deux avaient changé d'avis. «La volonté de recourir à l'euthanasie peut être transitoire à l'occasion, mais elle semble bien établie en général», constatent les chercheurs.
Le taux d'appui à l'euthanasie parmi les cancéreux en phase terminale n'étonne pas les chercheurs, puisqu'il concorde avec celui de la population canadienne. Par ailleurs, le désir de recourir immédiatement à l'euthanasie est comparable aux données provenant des Pays-Bas (7 %), mais nettement plus élevé qu'en Oregon (0,1 %), deux endroits où cette mesure est légale. «On peut se demander si les patients répondraient de la même façon si l'euthanasie était légale au Canada», soulèvent les chercheurs. Les enquêtes menées auprès des patients peuvent éclairer le débat sur la légalisation de l'euthanasie ou du suicide médicalement assisté, mais elles ne peuvent apporter de réponses aux questions touchant les aspects moraux et philosophiques du dossier, prennent soin de préciser les chercheurs.