
Les personnes atteintes du trouble cognitif léger amnésique constatent souvent que leur mémoire connaît des ratés importants. Le stress occasionné par leur état de santé peut accélérer leur déclin cognitif, d'où l'importance de les aider à bien gérer ce stress.
— Theodor Hensolt
Pour faire cette démonstration, les chercheurs ont recruté 41 personnes atteintes du trouble cognitif léger amnésique. «Il s'agit d'une condition intermédiaire entre le déclin cognitif normal lié à l'âge et les pathologies dégénératives comme la maladie d'Alzheimer, explique la neuropsychologue Anne-Marie Chouinard. La mémoire de ces personnes décline de façon plus prononcée que ce qui est attendu lors d'un vieillissement normal. Leur condition peut se stabiliser ou même redevenir normale, mais dans près de 15% des cas, elle se détériorera pour conduire, à moyen terme, à la maladie d'Alzheimer.»
Il n'existe pas de traitements pharmacologiques efficaces pour prévenir la détérioration de l'état des personnes atteintes du trouble cognitif léger amnésique. Par ailleurs, on sait que ces personnes sont plus stressées que les gens en bonne santé et que le stress chronique est un facteur de risque de l'alzheimer. «C'est ce qui nous a conduits à tester deux interventions non pharmacologiques de gestion du stress chez ces personnes», signale Anne-Marie Chouinard.
La première intervention, la méditation pleine conscience, est une approche qui repose sur la conscience vigilante de ses propres pensées, actions et motivations. Elle consiste à ramener l'attention sur l'instant présent et à prendre conscience de ses pensées sans chercher à les juger. La seconde intervention, de nature psychoéducative, repose sur la présentation de données probantes sur le vieillissement, la mémoire et le déclin cognitif ainsi que sur les habitudes de vie qui ralentissent ce déclin. L'intervention fournit aussi des outils pour composer avec les difficultés quotidiennes engendrées par le déclin cognitif léger et elle favorise les échanges sur les craintes et les mythes entourant ce problème.
Les sujets de chaque groupe devaient participer à une session hebdomadaire de deux heures et demie pendant huit semaines. Leurs symptômes d'anxiété et leurs niveaux de stress psychologique et de stress physiologique – mesuré en dosant le taux de cortisol au réveil – ont été évalués avant l'intervention et au terme de celle-ci. Les résultats, qui viennent de paraître dans la revue Aging & Mental Health, indiquent que l'approche psychopédagogique a diminué le stress psychologique alors que la méditation pleine conscience a réduit le stress physiologique, mais uniquement chez les participants qui accordaient plus d'heures que la moyenne à la pratique de la méditation. Par ailleurs, les deux interventions ont amélioré les stratégies d'adaptation au stress, notamment la planification d'actions pour corriger les situations stressantes.
Les résultats prometteurs de cette expérience pilote ont convaincu les chercheurs de reprendre le projet auprès d'un plus grand nombre de sujets. «Si les conclusions sont confirmées, il serait pertinent et utile d'offrir ces interventions dans les CLSC ou les cliniques de la mémoire», estime Anne-Marie Chouinard.
Y a-t-il une approche qui est supérieure à l'autre? «Chaque intervention apporte des bénéfices de sorte que les gens peuvent choisir en fonction de leurs besoins et de leurs préférences. Comme elles semblent complémentaires, on pourrait aussi les combiner. Toutefois, une personne qui opte pour la méditation pleine conscience doit être prête à y investir du temps pour que ce soit profitable», prévient la neuropsychologue.
L'étude a été réalisée par Anne-Marie Chouinard, Eddy Larouche, Carol Hudon et Sonia Goulet, de l'Université Laval, et Marie-Claude Audet, de l'Université d'Ottawa.