
Une personne au repos inhale environ 5 litres d'air à la minute, alors qu'un nageur d'élite qui pousse au maximum en inhale jusqu'à 200 litres à la minute. Ses bronches sont donc très exposées aux produits irritants présents dans l'air des piscines.
— Australian Paralympic Committee
L'équipe de la Faculté de médecine et du Centre de recherche de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec en a fait la démonstration en comparant l'anatomie et la physiologie des bronches de six nageurs d'élite pendant leur carrière d'athlète et deux ans après leur retrait de la compétition. Les participants ont accepté de fournir un échantillon de tissus pulmonaires à deux reprises. Au moment de la première biopsie, les athlètes s'entraînaient en moyenne 17 heures par semaine. Au moment de la seconde biopsie, ils passaient environ 2 heures en piscine chaque semaine.
Au moment où les nageurs étaient actifs, leurs bronches étaient dans un état comparable à celles de personnes souffrant d'asthme léger. L'inflammation induite par l'entraînement et le remodelage des bronches observés pendant leur carrière d'athlète sont toutefois réversibles chez la plupart des nageurs, révèlent les analyses de la seconde biopsie. «Nous savions qu'après leur retrait de la compétition, les nageurs affichaient moins de symptômes cliniques d'asthme et d'hyperréactivité bronchique, souligne le responsable de l'étude, Louis-Philippe Boulet. Nos derniers résultats confirment ces observations et ils précisent par quels processus le tissu fibreux se développe et se répare dans les bronches.»
Rappelons que l'asthme et l'hyperréactivité bronchique seraient causés par les sous-produits de la chloration de l'eau qui provoquent une constriction des bronches. Les nageurs récréatifs sont rarement affectés par ce problème, mais il en va tout autrement pour les athlètes qui passent de longues heures en piscine et qui s'entraînent intensivement. Une personne au repos inhale environ 5 litres d'air à la minute, alors qu'un nageur d'élite qui pousse au maximum en inhale jusqu'à 200 litres à la minute. Ses bronches sont donc très exposées aux produits irritants présents dans l'air des piscines, rappelle le professeur Boulet.
Même si l'étude suggère que les dommages aux bronches des athlètes sont réversibles, le chercheur insiste sur la nécessité de la prévention. «Le maintien d'une bonne qualité de l'air dans les piscines est primordial. Il reste beaucoup d'éducation et de conscientisation à faire à ce sujet.»
L'étude parue dans Clinical & Experimental Allergy est signée par Valérie Bougault, Patricia Odashiro, Julie Turmel, Michèle Orain, Michel Laviolette, Philippe Joubert et Louis-Philippe Boulet.