
Les boutons que l'on voit à la surface des globules rouges grandissent et s'en libèrent, donnant naissance à des microvésicules extracellulaires. Leur nombre et leur contenu en protéines pourraient servir de biomarqueur pour établir le stade de la maladie de Parkinson et pour suivre son évolution.
— Jérôme Lamontagne-Proulx
Le parkinson est une maladie neurodégénérative qui se présente sous différents visages. Elle provoque, à divers degrés, des tremblements, des problèmes de mouvement ou de rigidité et des problèmes cognitifs qui appellent différents traitements. «Actuellement, le stade de la maladie est établi à l'aide de tests qui reposent sur la présence de symptômes cliniques et sur leur sévérité, rappelle Francesca Cicchetti. Ces tests exigent beaucoup de temps de la part du clinicien. Nos recherches visent à développer un test sanguin qui permettrait d'établir rapidement et de manière fiable le stade de la maladie.»
C'est avec cette idée en tête que ces chercheurs ont entrepris de comparer le sang de personnes ayant reçu un diagnostic de parkinson avec celui de sujets sains. Dans un premier temps, ils n'ont trouvé aucune différence majeure sur le plan quantitatif entre les différents types de cellules sanguines des deux groupes. Cependant, en creusant davantage, ils ont fait un constat surprenant. «Le sang des personnes atteintes de parkinson contient un plus grand nombre de microvésicules extracellulaires produites par les globules rouges. Étonnamment, ce nombre est corrélé de façon remarquable avec les divers stades de la maladie établis par des neurologues à l'aide de tests cliniques», explique la professeure Cicchetti.
Cette relation n'est pas observée pour les microvésicules produites par les autres cellules sanguines des personnes qui ont le parkinson ni chez les patients souffrant de la maladie de Huntington, une autre maladie neurodégénérative. «Les microvésicules de globules rouges des patients parkinsoniens semblent se comporter différemment, mais on ne connaît pas encore la cause de ce phénomène», résume la chercheuse.
Les microvésicules sont des particules microscopiques contenant du matériel génétique et des protéines. Elles interviendraient dans les communications intercellulaires, notamment lorsqu'il y a présence d'inflammation. «Nous avons découvert que les protéines contenues dans ces microvésicules se distinguent en fonction du stade de la maladie de Parkinson. Le nombre de microvésicules et leur profil protéique pourraient donc servir de biomarqueur pour établir le stade et potentiellement suivre l'évolution de la maladie. Plus important encore, ce nouveau biomarqueur pourrait servir à déterminer si un médicament se révèle efficace pour un patient», souligne la professeure Cicchetti.
Les travaux ayant mené à ces découvertes ont été réalisés sur une soixantaine de malades et la communauté scientifique exige davantage de preuves pour être convaincue. «Grâce à une subvention du Weston Brain Institute, nous avons entrepris de valider nos résultats sur un groupe de 400 patients. Jusqu'à présent, rien ne contredit nos premiers résultats. Il nous semblait donc important de protéger dès maintenant la propriété intellectuelle de ce qui pourrait devenir le premier biomarqueur de la maladie de Parkinson», souligne la chercheuse.