
Le bleuet et le raisin ont chacun des effets avérés sur les fonctions cognitives. Chaque fruit contient des polyphénols qui lui sont propres, mais dont l'action combinée est complémentaire et synergique.
Pour faire cette démonstration, l'équipe de l'INAF, formée de Stéphanie Dudonné, Yves Desjardins, du Département de phytologie, Frédéric Calon, de la Faculté de pharmacie, et Carol Hudon, de l'École de psychologie, et leurs collaborateurs français ont recruté 190 personnes en bonne santé, âgées de 60 à 70 ans. La moitié des sujets devait consommer quotidiennement 600 mg de polyphénols de bleuet et de raisin sous forme de suppléments, alors que les autres sujets recevaient un placebo. Les participants devaient passer des tests reconnus mesurant leurs capacités cognitives au moment du recrutement et six mois plus tard.
Lorsque tous les sujets étaient inclus dans les analyses, les chercheurs n'ont observé aucune amélioration attribuable à la prise de suppléments. Par contre, en limitant les analyses aux personnes ayant obtenu les moins bons résultats aux tests cognitifs au moment du recrutement (leur score se situait dans le quartile inférieur), les chercheurs ont constaté que les suppléments apportaient une amélioration importante. «Le gain attribuable à la prise des suppléments équivaut à une amélioration de près de 10 années sur l'échelle des résultats normalisés selon l'âge», souligne Stéphanie Dudonné.
L'analyse des urines des participants a révélé que les sujets du quartile inférieur excrétaient davantage de métabolites de polyphénols que les autres participants. «Même si les polyphénols apportent des bienfaits pour la santé, ils sont perçus comme des produits toxiques par notre corps et l'organisme cherche à les éliminer. Certaines personnes ont un système d'élimination plus efficace, de sorte que les polyphénols provenant de l'alimentation sont rapidement excrétés. Ces personnes sont celles qui pourraient le plus profiter d'un apport supplémentaire en polyphénols», avance la chercheuse.
Ce projet de recherche amorcé en 2011 a mis à contribution des chercheurs de l'Université Laval, de l'INRS-IAF, de l'Université de Bordeaux, de l'INRA et des partenaires industriels.