L'ACFAS et ses partenaires, Radio-Canada, Espace pour la vie et le Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada, ont divulgué les 20 photos finalistes du concours La preuve par l'image 2020. Quatre œuvres réalisées par des membres de la communauté universitaire font partie de la sélection du jury.
L'épreuve du feu
La photo Combattre le feu par le bois de l'étudiant-chercheur en sciences du bois, Mathieu Létourneau-Gagnon, chamboule l'idée reçue voulant que les bâtiments en bois soient forcément des structures qui résistent mal au feu. L'image montre une vis et un thermocouple isolé en fibre de verre servant à mesurer la chaleur dans un lamellé-collé d'épinette et de pin. À l'aide d'une source de chaleur radiante, la température du montage a été portée à 760 degrés Celsius afin d'étudier le transfert de chaleur par la vis. La photo a été prise 110 minutes après le début de l'essai thermique.
«En raison de sa faible conductivité thermique, le bois isole efficacement les vis et les clous qui assurent le maintien des structures. Nos travaux permettent de concevoir des assemblages vissés qui ont un niveau de résistance au feu encore plus élevé», explique l'étudiant-chercheur, dont les travaux sont dirigés par Christian Dagenais et Pierre Blanchet.
Les yeux aussi grands que la panse
Tommy Pontbriand, étudiant au baccalauréat en biologie, a pris la photo Dans la mire du prédateur l'été dernier, alors qu'il participait à une mission scientifique d'ArcticNet, à bord de l'Amundsen. «Nous étions au large du Groenland et nous venions de récolter de nombreux échantillons de zooplancton. Ce petit spécimen d'amphipode, en très bon état, a tout de suite capté mon attention. J'ai installé ma caméra sur la loupe binoculaire que nous utilisons pour identifier les spécimens et j'ai pris quelques clichés», raconte ce passionné de photographie, qui fait partie de l'équipe du professeur Louis Fortier.
L'amphipode qui a attiré son attention, Themisto libellula, est doté d'yeux surdimensionnés qui lui procurent une vision exceptionnelle. Il s'agit d'un redoutable prédateur qui s'attaque à d'autres minuscules crustacés. «Quand je regarde cette image, je vois toute la beauté et la complexité d'un tout petit organisme, inconnu de la plupart des gens, mais pourtant si abondant dans nos océans et si important dans l'écosystème marin arctique.»
Nano, micro, macro
La photo De la structure à la performance, prise par le doctorant en génie des matériaux et de la métallurgie, Williams Marcel Caceres Ferreira, montre un matériau composite grossi 1500 fois. On y voit des cristaux de dioxyde de titane, dont la taille fait environ un micromètre, émergeant de deux fibres de carbone disposées à l'horizontale. «Comme le dioxyde de titane est photocatalytique, ce matériau composite pourrait être utilisé dans le traitement des eaux usées ou dans les panneaux solaires», précise l'étudiant-chercheur, qui fait partie de l'équipe du professeur Gaétan Laroche.
Ce type d'organisation structurelle se retrouve aussi dans des matériaux naturels tels que le bambou et les os, souligne le doctorant. «À toutes les échelles, nano, micro et macro, de petites charpentes rigides entraînent des performances mécaniques très élevées. Le matériau synthétique illustré dans la photo pourrait, par exemple, être intégré à des matières plastiques afin de les renforcer.»
Argentiques fleurs
Jacopo Profili s'est longtemps adonné à la photo argentique. «J'ai dû délaisser cette passion au moment où j'ai commencé un double doctorat», explique le spécialiste des plasmas, maintenant professionnel de recherche dans l'équipe de Gaétan Laroche. Même si son retour à la photo se fait par la voie du numérique, l'argent est encore dans le portrait. En effet, son œuvre, Éclosions minérales, est le produit de l'interaction entre des nanoparticules d'argent et un plasma d'argon.
La technologie des plasmas permet de créer de nouveaux matériaux qu'il est impossible d'obtenir par la voie des réactions chimiques classiques, explique-t-il. Ces matériaux ont des propriétés inédites qui peuvent être mises à profit, entre autres, pour rendre la surface des biomatériaux anti-infectieuse, ce qui réduit le risque de rejet.
«La première fois que j'ai examiné ce matériau au microscope, les cristaux de sels d'argent me faisaient penser à des fleurs ou à des coraux. Je crois qu'il est possible d'utiliser la beauté des images comme vecteur pour intéresser la population à la science et pour lui montrer ce qui se fait dans les laboratoires.»
Et le gagnant est...
Le concours La preuve par l'image vise justement à célébrer l'image comme moyen de communication scientifique. Vous êtes donc invités à visiter l'exposition virtuelle qui réunit les œuvres finalistes et à voter pour celle que vous jugez la plus marquante.
Le prix du public Découverte sera remis à l'auteur de la photo qui recueillera le plus de voix. Vous avez jusqu'au 13 septembre pour vous exprimer sur le site Web de l'exposition.