Plusieurs marqueurs associés au cancer du sein sont davantage exprimés dans le tissu adipeux mammaire des femmes qui ont un tour de taille élevé, peu importe leur indice de masse corporelle. Les efforts de prévention du cancer du sein devraient donc inclure à la fois le calcul de l'indice de masse corporelle et la mesure du tour de taille, conclut une étude publiée par une équipe de l'Université Laval dans le Journal of Obesity.
L'équipe dirigée par Caroline Diorio, de la Faculté de médecine et du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval, a examiné le lien entre deux mesures d'adiposité – l'indice de masse corporelle et le tour de taille – et l'expression de marqueurs inflammatoires associés au cancer dans le tissu adipeux mammaire de 141 femmes qui avaient reçu un diagnostic de cancer du sein. «On sait qu'il existe une forte corrélation entre la proportion du sein occupée par du tissu adipeux et l'indice de masse corporelle ou le tour de taille. Lorsque le tissu adipeux prend de l'expansion, il y a dérèglement de son fonctionnement et production de facteurs inflammatoires qui augmentent le risque de cancer du sein», explique la professeure Diorio.
Les analyses réalisées par son équipe ont révélé que, dans le tissu adipeux mammaire, l'expression de cinq biomarqueurs de cancer du sein était plus élevée chez les femmes qui avaient un tour de taille élevé, même chez celles dont l'indice de masse corporelle était normal.
«Les graisses qui s'accumulent au niveau du ventre sont très néfastes pour l'organisme. Elles sont associées à des maladies métaboliques comme la résistance à l'insuline, le diabète de type 2, le syndrome métabolique et les maladies cardiovasculaires, qui ont toutes une composante inflammatoire. Notre étude suggère ces graisses ont aussi un effet sur le risque de cancer du sein», résume la professeure Diorio.
L'une des recommandations actuelles en matière de prévention du cancer du sein est de maintenir un poids santé, c'est-à-dire un indice de masse corporelle inférieur à 25. «Dans notre cohorte, 7% des femmes avaient un poids santé, mais un tour de taille élevé. Elles auraient été faussement considérées comme n'étant pas à risque sur la base de leur indice de masse corporelle, constate la chercheuse. C'est pourquoi nous suggérons de recourir aux deux mesures d'adiposité pour n'échapper personne.»
Les auteurs de l'étude parue dans le Journal of Obesity sont Sue-Ling Chang, Francine Durocher et Caroline Diorio, de la Faculté de médecine, et André Tchernnof, de l'École de nutrition et de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.