Notre bagage génétique fait en sorte que nous ne répondons pas tous de la même façon à un même médicament. Ce ne serait donc pas une mauvaise idée d'en tenir compte quand vient le temps de déterminer quel médicament sera le plus efficace et aura le moins d'effets secondaires pour nous. Qui de mieux placés que les pharmaciens pour nous conseiller sur la question? Une enquête menée auprès de ces professionnels de la santé révèle toutefois que la plupart estiment ne pas avoir les compétences requises pour utiliser adéquatement les tests génétiques dans leur pratique.
Voilà l'une des conclusions qui se dégagent d'un coup de sonde donné en ligne auprès de 99 pharmaciens et de 36 étudiants en pharmacie du Québec. L'analyse des réponses des participants fait l'objet d'un article publié dans la revue Pharmacogenomics par Chloé Petit, Audrey Croisette, Flora Chen et Isabellle Laverdière, de la Faculté de pharmacie et du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval.
Voici les principaux constats des chercheuses:
Le taux de bonnes réponses à un test de connaissances sur la génétique et la pharmacogénétique est de 57%
Les répondants se sentent peu compétents en matière de pharmacogénétique. Ainsi, à peine 7% d'entre eux connaissent bien les tests génétiques vendus directement aux consommateurs et seulement 4% estiment qu'ils peuvent conseiller adéquatement leurs clients au sujet de ces tests
81% des répondants estiment que la pharmacogénétique est appelée à occuper une place grandissante dans leur pratique
83% des répondants estiment que les pharmaciens devraient assumer le leadership en ce qui a trait aux tests pharmacogénétiques et à l'interprétation de leurs résultats
90% des pharmaciens souhaitent recevoir une formation dans ce domaine
Le taux de réussite aux questions portant sur les connaissances en pharmacogénétique était plus élevé chez les répondants qui étaient encore en formation et chez les pharmaciens qui pratiquaient depuis 5 ans ou moins. «Ces meilleurs résultats pourraient être dus aux changements apportés aux programmes de pharmacie dans les universités québécoises, avancent les chercheuses. Par exemple, en 2013, un cours consacré à la pharmacogénétique clinique et aux biotechnologies a été ajouté au doctorat en pharmacie à l'Université Laval.»
Les citoyens sont de plus en plus au fait de l'utilité des tests génétiques dans le choix des médicaments et leurs attentes pousseront les pharmaciens à s'adapter, croient les auteures de l'étude. «Les professionnels de la santé doivent être mieux préparés à utiliser ces tests et à tenir compte des résultats dans leur pratique. Il faudra donc leur offrir des formations dans le domaine. De plus, les regroupements de professionnels de la santé devront se rencontrer et s'entendre sur les rôles et les responsabilités de chacun», concluent-elles.