
Selon Meagan Daley, les trois quarts des dépenses engendrées par l’insomnie sont attribuables à des conséquences indirectes. Ainsi, la diminution de productivité au travail se chiffre à elle seule à 5 milliards de dollars, et l’absentéisme à 970 millions. Les coûts directs de l’insomnie, eux, comprennent les consultations médicales et le transport pour se rendre aux consultations (228 millions), ainsi que les médicaments obtenus avec ou sans ordonnance (18 millions). Les dépenses d’alcool pour pallier l’insomnie atteignent pour leur part 340 millions de dollars, un résultat qui a surpris Meagan Daley et son équipe. «Il est certain qu’un verre ou deux peut aider la personne à s’endormir mais la qualité du sommeil s’en ressent, dit la psychologue. Le sommeil est moins profond et plus fragmenté, donc moins réparateur, sans parler du risque de dépendance à l’alcool qui peut survenir, surtout chez les personnes à risque. À cet égard, il serait intéressant de voir quel est le taux d’alcoolisme chez les personnes qui ont recours à l’alcool avant de se mettre au lit.»
Les insomniaques ne s’amusent pas
Parmi les participants à cette étude, 52% affirmaient bénéficier d’un bon sommeil, tandis que 32% montraient des symptômes d’insomnie et que 15% souffraient carrément d’insomnie. Ceux-ci se disaient insatisfaits de leur sommeil et éprouvaient des symptômes trois fois par semaine depuis au moins un mois. Les chercheurs ont évalué que l’insomnie entraînait des coûts de 5 010 $ par personne qui en est diagnostiquée alors que les dépenses pour celle qui souffrait de certains troubles du sommeil s’élevaient à 1431 $. «Ne pas traiter l’insomnie coûte plus cher que le traitement lui-même, explique Meagan Daley », dont le tiers de la clientèle en pratique privée est insomniaque. «Les gens attendent parfois des années avant de consulter et pensent que le problème va se régler tout seul, ajoute-t-elle. Ils ont parfois honte d’en parler et arrivent tant bien que mal à gérer leur fatigue. Avec le résultat que l’insomnie peut devenir chronique et mener à la dépression et à d’autres problèmes physiques.»
Si la prise de somnifères peut aider temporairement en situation de crise, une approche thérapeutique liée à la gestion du sommeil demeure encore la meilleure solution. Meagan Daley rencontre des clients qui prennent des somnifères depuis 8, 10 ans. Certains sont totalement paniqués à l’idée d’abandonner les pilules et se sentent incapables d’entreprendre un sevrage, même échelonné sur des mois. «Nous espérons que les résultats de cette étude inciteront les gouvernements, les compagnies d’assurance et les employeurs à augmenter leur support aux personnes souffrant d’insomnie, souligne Meagan Daley. Cela encouragerait davantage les personnes à consulter et à obtenir un traitement efficace. On diminuerait à la fois la souffrance individuelle et le fardeau économique pour la société.»