
Philippe Dubé, directeur du LAMIC, au moment de l'inauguration du laboratoire: «Les activités du LAMIC permettront, en quelque sorte, d'entrevoir ce que sera le musée de demain, mais surtout de pouvoir explorer le potentiel «musée» en toutes choses.»
Le Laboratoire comprend une salle de numérisation 3D, une salle de visualisation et une salle d’exposition expérientielle correspondant à ces trois champs de recherche fondamentale que sont l’objet, l’espace et le visiteur. À chaque endroit, les chercheurs feront des expérimentations dans le réel et dans le monde virtuel. Les expérimentations dans le réel comprendront la numérisation en trois dimensions d’objets muséologiques, la conception d’espaces d’exposition «intelligents» et la technologie d’observation du visiteur. Les expérimentations dans le monde virtuel porteront sur la modélisation, le transfert d’expériences muséales en temps réel et la scénarisation de montages visuels complexes. «Nous avons comme objectif de travailler pour bonifier la valeur de l’expérience de visite au musée, indique Philippe Dubé. Cette approche offre un potentiel extraordinaire. Le visiteur ne sera plus dans un rapport distant avec l’objet et il pourra apprécier celui-ci à sa pleine valeur. Nous voulons que l’exposition devienne une «exporience», qu’elle soit à ce point forte qu’elle permette de vivre une expérience signifiante, voire bouleversante.»
Objets couleur 3D et immersion virtuelle
La salle de numérisation du LAMIC est équipée d’un numériseur de très haute performance. Cet appareil est le seul au monde à pouvoir capter simultanément la couleur et la volumétrie d’un objet, et ce, peu importe le degré de lumière ambiante. Le système capte les données sur l’objet en en faisant le tour à travers une dizaine de perspectives différentes, tant sur les côtés que sur le dessus et le dessous. L’image tridimensionnelle qui en résulte est en tout point conforme à la réalité. L’objet numérisé pourra servir, entre autres, dans le domaine de la «réalité augmentée». Cette approche consiste à afficher une information virtuelle tridimensionnelle sur un objet réel ou sur un environnement réel afin de compléter ledit objet ou d’ajouter certains éléments à l’environnement. La salle de numérisation servira aussi à la recherche en tracéologie. Cette discipline consiste à étudier les microtraces d’utilisation trouvées sur les outils de pierre préhistoriques. La numérisation permettra de concevoir de nouvelles approches en analyse d’images.
«Le LAMIC est centré sur l’étude des modalités de transmission de la culture au moyen de l’expérience muséale, précise Philippe Dubé. Cela nous intéresse drôlement de voir comment les technologies peuvent éventuellement participer à une transmission autre de la culture.» Deux exemples de telles technologies employées au LAMIC sont le Panoscope et le Cyclorama. L’un et l’autre permettent la création d’environnements dits «immersifs» qui reconstituent de manière cohérente des environnements à distance. Le Panoscope se présente comme un dôme inversé tandis que le Cyclorama a des airs de panorama cylindrique. Dans le premier, un projecteur unique avec lentille hémisphérique projette des images panoramiques tridimensionnelles fixes. Dans le second cas, une série de projecteurs diffusent des images vidéo panoramiques tridimensionnelles cohérentes, le tout appuyé par un environnement sonore.
Un autre axe de recherche porte sur la notion de «télévisite» appliquée au domaine de l’ethnologie. Il s’agit d’une nouvelle manière de capter plus efficacement des informations sur le terrain, puis d’avoir accès à ces données en laboratoire. L’approche comprend, d’une part, les technologies classiques que sont le texte, la photographie, la vidéo et le son. À celles-ci on intègre les nouveaux systèmes de captation et de rendu que sont le balayage laser, la vidéo panoramique, le son panoramique et la télérobotique. Les usages possibles comprennent notamment l’étude en réseau d’artefacts numérisés. Les documents de type vidéo panoramique peuvent être visionnés dans le Panoscope.
Le financement pour la mise sur pied du LAMIC provient de la Fondation canadienne pour l’innovation, du gouvernement du Québec et de nombreux partenaires privés et publics. Neuf chercheurs d’expérience rattachés aux Départements d’histoire (muséologie, archéologie et ethnologie), de géomatique, de génie électrique et de génie informatique, ainsi qu’à la Faculté d’aménagement, d’architecture et des arts visuels y travaillent. Le Laboratoire pourra accueillir une dizaine d’étudiants au doctorat ainsi que des chercheurs invités.