Environ 50% des très grands prématurés sont aux prises avec une maladie pulmonaire chronique ayant une composante inflammatoire, la dysplasie broncho-pulmonaire. L'idée d'atténuer ce problème en donnant des suppléments d'oméga-3 aux mères qui allaitent était prometteuse considérant les propriétés anti-inflammatoires de ces acides gras. Cette intervention serait toutefois inefficace, démontre une étude qui vient de paraître dans le Journal of the American Medical Association.
C'est ce que conclut une équipe de chercheurs canadiens au terme d'une étude menée grâce au concours de 461 femmes ayant récemment accouché avant la 29e semaine de grossesse. Cette équipe était dirigée par Isabelle Marc, professeure à la Faculté de médecine et chercheuse au Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval.
Toutes les femmes qui ont accepté de participer à l'étude nourrissaient leur enfant au lait maternel. Elles ont été réparties en deux groupes; celles du premier groupe prenaient quotidiennement un supplément contenant 1,2 g d'oméga-3, plus précisément du DHA, et celles du second groupe prenaient un supplément contenant 1,2 g d'huile de maïs et de soya. Les chercheurs n'ont détecté aucune différence entre les enfants des deux groupes au moment où ils atteignaient leur 36e semaine de développement. Le taux de survie sans dysplasie broncho-pulmonaire se situait alors à 55% dans le groupe DHA et à 62% dans le groupe placebo.
«La prise de suppléments d'oméga-3 par les mères qui allaitent n'améliore pas la condition des prématurés souffrant de dysplasie broncho-pulmonaire, résume Isabelle Marc. Nous évaluerons à nouveau les enfants lorsqu'ils auront 18 mois afin de déterminer si les oméga-3 ont des effets positifs sur leur développement cérébral. Cependant, la prise d'oméga-3 sous forme de suppléments n'est pas forcément indiquée. Il est préférable que ces oméga-3 proviennent d'aliments riches en oméga-3, tels que le poisson, qui seraient consommés par la mère.»
La dysplasie broncho-pulmonaire entraîne d'importantes difficultés respiratoires qui nécessitent une oxygénation ou une ventilation pouvant durer plusieurs semaines. La maladie augmente de façon significative le risque à long terme de complications neurodéveloppementales, de séquelles respiratoires et de mortalité.
L'étude est signée par 26 chercheurs rattachés à 16 unités de soins intensifs néonatales du Canada. Les autres chercheurs de l'Université Laval qui cosignent l'étude sont Bruno Piedboeuf, Georges Caouette, Pierre Julien et Michel Lucas.