
La fréquence de la plupart des comportements violents est stable ou en légère baisse dans les écoles primaires et secondaires du Québec. «Les choses évoluent lentement, mais elles vont dans la bonne direction», conclut l'une des auteures de l'étude, la professeure Claire Beaumont.
La titulaire de la chaire, Claire Beaumont, son collègue Éric Frenette, de la Faculté des sciences de l'éducation, et Danielle Leclerc, de l'UQTR, se sont intéressés à l'évolution des comportements violents entre 2013 et 2015 dans 74 écoles primaires (chez des élèves de 4e, 5e et 6e années) et dans 49 écoles secondaires du Québec. L'un des objectifs de l'étude était de déterminer si des changements étaient survenus dans la foulée de l'adoption, en juin 2012, de la Loi visant à prévenir et à combattre l'intimidation et la violence à l'école. Les chercheurs ont interrogé les élèves, le personnel des écoles et les parents sur leurs perceptions du climat scolaire et sur la fréquence et les formes de comportements violents à l'école, qu'il s'agisse d'insultes, d'invectives, d'intimidation, de harcèlement ou de gestes violents.
Une première étude réalisée par les membres de la Chaire avait dépeint la situation qui régnait en 2013 dans les écoles du Québec. Les données recueillies en 2015 montrent que, dans l'ensemble, la plupart des comportements violents sont stables ou en légère baisse. Selon les élèves et le personnel, il y aurait, entre autres, moins de manifestations d'impolitesse, d'actes de vandalisme, d'activités dangereuses menées par les élèves et moins d'adultes étrangers vus sur le terrain des écoles. Au primaire, la fréquence des élèves qui se font occasionnellement (une ou deux fois par année) insulter ou frapper est passée respectivement de 38 à 35% et de 23% à 20%.
Contrairement à la perception populaire, la cyberintimidation n'est pas un phénomène courant puisqu'à peine 1% des élèves dit être l'objet de fausses rumeurs ou d'humiliations sur Internet au moins deux fois par mois. Le phénomène est resté stable entre 2013 et 2015, même si le pourcentage d'élèves qui possèdent un appareil électronique pouvant recevoir ou envoyer des textos est en hausse, se situant maintenant à 76% chez les jeunes du primaire et à 88% chez les jeunes du secondaire. «Cela dit, il ne faut pas minimiser l'importance de la cyberintimidation, insiste la professeure Beaumont. Même si le phénomène est peu courant, il peut avoir de graves répercussions chez les élèves qui en sont victimes et il faut s'attaquer au problème.»
Seule ombre au tableau, les élèves du primaire et du secondaire, ainsi que le personnel des écoles primaires, estiment qu'il y a plus de conflits entre élèves de différents groupes ethniques. «L'école est une microsociété et les problèmes qui existent à l'extérieur de ses murs existent aussi en milieu scolaire, rappelle Claire Beaumont. Je ne dis pas que les tensions entre les groupes ethniques dans la société sont la cause de ce que l'on voit à l'école, mais les deux phénomènes sont observés en parallèle.»
La professeure Beaumont dresse tout de même un bilan optimiste de la situation. «Que la fréquence de la grande majorité des comportements violents soit stable ou en légère baisse est une bonne nouvelle pour le milieu scolaire, souligne-t-elle. Les choses évoluent lentement, mais elles vont dans la bonne direction. Toutefois, il ne faut pas s'asseoir sur ses lauriers parce que ces comportements sont encore trop fréquents entre élèves, entre les élèves et le personnel et même entre les membres du personnel.»
Lisez l'article du Fil à propos des résultats de l'enquête de 2013 sur la violence dans les écoles québécoises, effectuée par Chaire de recherche sur la sécurité et la violence en milieu éducatif.