
Dans ses travaux de recherche, David Bergeron travaille sur les formes atypiques de la maladie d'Alzheimer.Dans le cadre du concours Cogito, Marie-France Gilbert a créé une œuvre musicale puissante s'inspirant des travaux de recherche de quatre étudiants.
— Serge Bonin
Le premier prix en vulgarisation est allé à David Bergeron. Celui-ci est inscrit à deux doctorats, l'un en médecine, l'autre en neurobiologie. C'est dans ce domaine, plus précisément sur les formes atypiques de la maladie d'Alzheimer, qu'il mène ses travaux de recherche. «Les formes atypiques d'Alzheimer sont intéressantes parce qu'elles défient notre conception de cette maladie, explique-t-il. Elles touchent des patients jeunes, dans la cinquantaine et la soixantaine, et épargnent souvent la mémoire au début de la maladie. Néanmoins, elles sont causées par les mêmes protéines toxiques que l'Alzheimer typique survenant vers 70-80 ans.»
Sa présentation, dans le cadre du concours Cogito, portait sur un consortium international de recherche sur l'aphasie primaire progressive (APP). Ce consortium, David Bergeron a contribué à sa mise sur pied lors d'un stage à Amsterdam dans un centre de recherche prestigieux sur l'Alzheimer. L'APP, une forme rare de maladie neurodégénérative, touche principalement les aires du langage. «Grâce aux relations des chercheurs d'Amsterdam, raconte-t-il, j'ai pu rallier les plus grands centres de recherche du monde à ce projet et en faire un consortium international que je coordonne avec mon superviseur de là-bas. L'étude compte 1 182 patients atteints d'APP provenant de 32 centres d'excellence en démence dans le monde.» Selon lui, un tel échantillonnage, parce que les groupes de recherche ne travaillent pas en silo, permet de faire beaucoup plus d'analyses et de tirer davantage de conclusions significatives.
Le but ultime de la recherche sur les formes atypiques d'Alzheimer consiste à pouvoir reconnaître et diagnostiquer rapidement la maladie. «Plusieurs molécules anti-amyloïdes en études cliniques phase 3 sont prometteuses pour le traitement de la maladie d'Alzheimer, souligne l'étudiant, mais elles ne semblent être efficaces que dans les phases précoces de la maladie, voire la phase précédant les premiers symptômes de déclin cognitif. Ainsi, il y a un intérêt croissant à étudier la présentation clinique des maladies neurodégénératives dans leurs phases précoces et à développer des biomarqueurs pour permettre d'identifier la pathologie Alzheimer aussitôt que possible dans le continuum de la maladie.»
Pour le professeur Robert Jr Laforce, du Département de médecine et directeur de la Clinique interdisciplinaire de mémoire du CHU de Québec – Université Laval, David Bergeron a d'évidentes habiletés de communication. «David, dit-il, est un étudiant passionné et extrêmement productif. Il a plusieurs publications dans des revues dont les contenus sont évalués par les pairs. C'est en plus un excellent vulgarisateur. Récemment, il a multiplié les présentations dans des congrès internationaux, nationaux et locaux.»
Marie-France Gilbert est inscrite à la maîtrise en composition musicale. La pièce qui lui a mérité le premier prix Cogito de la catégorie «Création» s'intitule Puissance Cinq. Son défi consistait à composer une œuvre s'inspirant des travaux de recherche de quatre étudiants de l'Université Laval. Ceux-ci sont inscrits en génie civil, en psychopédagogie, en sciences et technologie des aliments, et en biologie cellulaire et moléculaire.
«J'ai été particulièrement inspirée par les travaux de Jean-Sébastien Fortin, explique-t-elle. Le but de sa recherche est d'établir un outil théorique permettant de mieux cibler les ponts routiers nécessitant une remise à neuf à cause du dépérissement causé principalement par les hivers froids du Québec.»
L'étudiante a imagé sa musique en insérant des sons d'outils de construction, comme la perceuse, et des bruits de forge. Elle a aussi créé une mélodie avec un instrument électronique faisant référence à la glace pour représenter les hivers froids. «Cette mélodie, indique-t-elle, est à caractère répétitif pour faire allusion au temps qui passe de manière cyclique. Petit à petit, elle se modifie pour devenir de plus en plus inquiétante afin de représenter l'instabilité du pont et l'effondrement imminent.»
Dans sa démarche conceptuelle, Marie-France Gilbert a représenté les quatre domaines de recherche par un aspect commun à tous: le désir de donner à la société. Partant de là, elle a pensé à l'image de superhéros. «Cette création musicale, poursuit-elle, est une aventure épique de quatre héros aux talents exceptionnels et différents qui s'unissent afin de lutter contre divers problèmes.»
La compositrice a écrit une musique flamboyante et à grand déploiement de type «trame sonore». «Mon idée directrice sur les superhéros se devait d'être associée à une musique héroïque, épique et glorieuse», explique-t-elle.
Dans Puissance Cinq, l'étudiante fait un usage abondant de cuivres, comme la trompette ou le cor. Elle exploite aussi les possibilités offertes par un chœur «pour ainsi amplifier l'effet de gloire et de grandeur que nous apportent les superhéros». Sa musique est puissante et intense, et ce, du début à la fin des 11 minutes que dure la pièce. «Je voulais "décoiffer" mes auditeurs, soutient-elle. Je voulais représenter la recherche comme étant une aventure.»
Pour son directeur de recherche au deuxième cycle, le professeur Éric Morin, Marie-France Gilbert est très douée en composition musicale. «Comme créatrice, dit-il, son aisance est unique. Ses œuvres sont généreuses et présentent toujours des aspects singuliers qui intéressent le connaisseur et émerveillent le plus grand nombre.» Écoutez la pièce Puissance Cinq ci-dessous:
La soirée du 11 octobre a marqué le lancement du concours Cogito 2017-2018. La date limite d'inscription est le 13 novembre. Tous les détails se trouvent sur le site de l'AELIÉS.
Les émissions couvrant l'année 2016-2017 pourront être visionnées au cours des prochaines semaines sur la chaîne YouTube de la Chaire publique AELIÉS.