D’ici quelques semaines, des chercheurs de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique (FFGG) et de la Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval démarreront deux importants projets de recherche sur le territoire de la Forêt Montmorency. Le premier projet a pour titre Harnacher le potentiel des forêts dans la lutte contre les changements climatiques et est financé par la Fondation canadienne pour l’innovation. Le second, Sylva@21, reçoit l’appui du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.
«Grâce à ces deux projets, la Forêt Montmorency deviendra agile et connectée, explique la doyenne de la FFGG, Nancy Gélinas. Elle permettra une collaboration entre différentes équipes et un meilleur accès aux outils et aux données de pointe. L’installation représentera plusieurs équipements. L’information entrera en temps réel, ce qui permettra une meilleure compréhension des écosystèmes de la forêt.»
Dans la dernière année, le comité de direction de la Forêt Montmorency s’est élargi. «On a voulu, dit-elle, faire de la place à des partenaires du campus, à la Faculté des sciences et de génie, mais aussi à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, pour la conduite de projets de recherche.»
La Forêt Montmorency, c’est un remarquable laboratoire de recherche et d’enseignement qui représente le cœur du Domaine forestier de l’Université Laval. Ce laboratoire a une superficie totale de près de 400 kilomètres carrés. Située à 70 kilomètres au nord du campus de l’Université Laval, la Forêt est gérée par la FFGG. Unique dans le biome boréal, l’endroit est accessible aux professeurs, chercheurs et étudiants de l’Université Laval. Il est également ouvert aux autres établissements d’enseignement et de recherche du Québec, du Canada et de l’étranger, ainsi qu’aux chercheurs de divers ministères et de partenaires de recherche privés.
«Depuis plus d’un demi-siècle, la Forêt a pour mission d’améliorer les sciences forestières, indique la doyenne. En parallèle, elle a développé une série d’activités récréotouristiques. Tout en permettant la tenue de certaines de ces activités, et en s’assurant qu’elles ne nuisent pas aux activités de recherche et d’enseignement, le nouveau comité de direction de la Forêt raffine depuis une bonne année l’orientation recherche et enseignement à se dérouler sur ce territoire. Désormais, nous mettrons davantage l’accent sur ce qui constitue la mission première de la Forêt.»
Un autre important projet de recherche en cours est la passerelle d’information scientifique Forêt-Climat. À terme, cette infrastructure permettra de colliger, partager et valoriser les données nécessaires à l’accroissement des connaissances et à la compréhension du rôle des forêts et des enjeux du secteur forestier face aux changements climatiques. La passerelle se veut une réponse aux pertes de temps et aux coûts élevés en gestion technologique des données, à la gestion peu structurée des données, lesquelles sont bien souvent non accessibles, non réutilisables, peu sécuritaires et peu pérennes.
«Les besoins, soutient Nancy Gélinas, consistent à mutualiser les données dans une infrastructure partagée, sécurisée et bien gérée. Ils consistent aussi à disposer d’outils communs pour colliger, analyser et visualiser des données et indicateurs. La solution Forêt-Climat permettra de rechercher des données facilement. Elle sera mise à jour fréquemment afin de demeurer pertinente.»
Selon elle, cette passerelle entend devenir d’ici 2025 la référence en recherches collaboratives sur la Forêt Montmorency et ses interactions avec le climat. «Nous voulons, ajoute-t-elle, développer une culture de partage des données et des connaissances déjà accumulées par les chercheurs, cela dans l’esprit d’ouvrir le territoire et d’accentuer la collaboration.»
Un été animé à la Forêt
Dans le contexte de la pandémie et avec l’autorisation ministérielle obtenue en mai 2020, les activités de recherche ont repris graduellement à la Forêt Montmorency.
Cet été, diverses équipes de chercheurs de l’Université Laval seront actives sur ce territoire. Plusieurs projets de recherche se poursuivront, notamment ceux consacrés à la faune, aux insectes, aux coupes progressives, à l’hydrologie, au suivi du carbone et à la conduite de véhicules autonomes. De nombreux chercheurs du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, de Ressources naturelles Canada et du Conseil de la Nation huronne-wendat seront présents de manière hebdomadaire dans le cadre de ces recherches.
Depuis le début mai, deux étudiants au baccalauréat en foresterie agissent comme stagiaires en inventaires et suivis forestiers. Ils contribuent à une campagne d’inventaires ciblant principalement la collecte de données en vue d’activités de récolte prévues à l’automne. Ils participent également à la caractérisation des peuplements ayant fait l’objet d’investissements sylvicoles au cours des trente dernières années. Les données obtenues permettront de dresser un portrait qui influencera le contenu du plan stratégique à venir.
«Les étudiants vont contribuer à compléter les inventaires forestiers, souligne la doyenne. Nous devons réaliser, avec l’aménagiste de la Forêt, un plan d’aménagement qui couvrira les 25 à 30 prochaines années.»
En enseignement, cet été verra le retour des cours universitaires en paléolimnologie, en formation pratique en sylviculture et écologie ainsi qu’en méthodes d’échantillonnage en biologie. De plus, un grand nombre d’étudiants du Cégep de Sainte-Foy reviendront à la Forêt. Une dizaine de cours seront offerts. Ces étudiants sont inscrits aux Départements de foresterie et de biologie/écologie. Ils seront présents quotidiennement et durant tout l’été.
«Le comité de direction de la Forêt Montmorency travaille actuellement sur l’ébauche d’un plan directeur immobilier avec le Service des immeubles de l’Université, indique-t-elle. Nous en sommes à repenser les besoins de nos chercheurs et enseignants. Nous voulons leur offrir des infrastructures qui vont répondre à ces besoins. Ces changements se feront dans le but de nous assurer que la Forêt demeure une plaque tournante de la recherche sur la forêt boréale.»
Sur le plan des communications, la FFGG et la Direction des communications de l’Université préparent, pour l’automne, une série de conférences en ligne sur les activités et projets de recherche réalisés à la Forêt. Une première série de quatre conférences avait été présentée à compter de janvier 2021 sur une proposition de la professeure Évelyne Thiffault, du Département des sciences du bois et de la forêt. L’ensemble des conférences avait attiré 725 utilisateurs uniques.
«Cette initiative, explique Nancy Gélinas, permet de montrer la recherche actuelle à la Forêt, de vulgariser l’information presque en temps réel.»
Enfin, sur le plan récréotouristique, la Forêt a fait une place de choix au ski de fond l’automne et l’hiver dernier. Une partie de l’ancien réseau de pistes réservées à ce sport a été réactivée pour les entraînements de l’équipe de ski de fond Rouge et Or, en novembre et décembre 2020. Du 26 février au 10 avril, dans le cadre d’un projet pilote, près de 1500 fondeurs et adeptes de raquette ont pu pratiquer leur sport favori aux mêmes endroits.
«Comme faculté de foresterie, poursuit-elle, nous ne sentions pas qu’il était de notre responsabilité d’offrir des activités de ski de fond. Le territoire est beau et majestueux et il donne accès à de la neige très tôt. Ce sont des conditions intéressantes pour les fondeurs. C’est pourquoi nous avons dit oui à ce projet pilote. Les choses se sont passées de manière satisfaisante et ouvrent donc la voie à de nouvelles possibilités pour le futur.»